Il ne s’agit même pas de dépoussiérer l’armoire à trophées, seulement de l’inaugurer. C’est dans cette optique qu’Harry Kane avait quitté son club de toujours, Tottenham, l’été dernier, pour le Bayern Munich. Chez les Spurs, dont il est parti comme le meilleur buteur de leur histoire (278 buts en 430 matches), l’attaquant anglais n’a pas soulevé la moindre coupe. En Bavière, il s’attendait à «jouer la Ligue des champions et me battre pour des titres», comme il l’expliquait il y a six mois. Il se bat pour les titres, oui, mais eux continuent de le fuir.
Sauf incroyable remontée, le Bayern ne sera pas champion d’Allemagne pour la 12e fois consécutivement. Le Bayer Leverkusen compte 10 points d’avance au sommet de la Bundesliga. En Coupe d’Allemagne, les Munichois ont pris la porte dès les 16es de finale, battus par Sarrebruck, club de D3 (2-1). Kane était resté sur le banc. En Supercoupe d’Allemagne, échec aussi, le 12 août face à Leipzig (0-3). Kane était entré à l’heure de jeu pour ses grands débuts.
Demeure un infime espoir en Ligue des champions. Le Bayern s’est incliné en 8e de finale aller chez la Lazio Rome (1-0) et reçoit au retour ce mardi (21h). La coupe aux grandes oreilles demeure loin, tant le «Rekordmeister» (littéralement «le champion du record») semble malade. Il sort d’un mois de février calamiteux, enchaînant trois défaites à Leverkusen (3-0), à Rome et chez Bochum (3-2). Le départ de l’entraîneur Thomas Tuchel au terme de la saison a déjà été officialisé. «Je ne pense pas être le seul problème, mais je suis en responsabilité et je l’assume avec cette décision», a-t-il commenté il y a dix jours.
À VOIR AUSSI – Le triplé de Kane dont un but de 50 mètres contre Darmstadt en octobre dernier (8-0)
Le Bayern est en crise. Pas Harry Kane, auteur de 31 buts en 32 matches, en plus de 8 passes décisives. Le capitaine de l’Angleterre, 30 ans, affole les compteurs comme il l’a tant fait à Londres. «Je m’attendais à ce qu’il soit très bon, mais pas au niveau auquel il joue en ce moment», applaudissait son coéquipier Jamal Musiala au cours de l’automne. «C’est un cadeau d’être son entraîneur», a loué Tuchel ce lundi. Son caractère facile et son expérience font l’unanimité outre-Rhin. Kane au Bayern, c’est une réussite.
De quoi lui donner d’autant plus envie de s’arracher les cheveux face aux résultats collectifs. Kane, cinq fois nommé dans les 30 du Ballon d’Or (deux fois dans le top 10), donne l’impression d’être maudit. «Si j’étais lui, je ne pourrais pas dormir la nuit si, à la fin de ma carrière, je ne pouvais mettre en avant que mes buts», déclarait l’ancienne gloire d’Arsenal et de l’équipe de France, Thierry Henry, il y a un an.
En sélection nationale, c’est le même nuage noir qui poursuit Kane, meilleur buteur de l’histoire des Three Lions (62 buts), avec qui il a échoué à remporter l’Euro 2020 à domicile, en finale à Wembley face à l’Italie (1-1, 4-3 aux tirs au but). «Le football est cruel», regrettait l’ancien attaquant bulgare de Manchester United, Dimitar Berbatov, jugeant «stupide et irrespectueux» l’évocation d’une malédiction touchant Kane.
Le N.9 bavarois est sous contrat jusqu’en 2027 au club allemand. Qu’il se rassure, le Bayern n’a pas connu deux saisons blanches de suite depuis 1993, soit l’année de sa naissance. La dernière du genre a même été suivie d’un historique quadruplé en 2013 (Bundesliga, coupe, Supercoupe, Ligue des champions). Pour l’heure, place à une périlleuse réception de la Lazio, avec un retard d’un but à rattraper. «On n’a pas de temps à perdre», a prévenu Tuchel. Kane non plus.