Une série de vols dans un établissement scolaire bouleverse la vie des profs et des élèves. Carla Nowak, enseignante, mène l’enquête. Très vite, tout l’établissement est ébranlé par ses découvertes.

Le film est fort. Il évite tout manichéisme, décrit de l’intérieur les coulisses d’une profession, opte pour une image de format étroit qui enserre l’intrigue dans un décor kafkaïen, le tout sur un air de violon lancinant. Le suspense est là. La Salle des profs, d’Ilker Çatak, représente l’Allemagne aux Oscars. On espère que les votants lui mettront 10 sur 10.

La Salle des Profs , drame d’Ilker Çatak, avec Léonie Benesch, Michael Klemm, Rafael Stachowiak, Anne-Kathrin Gummich. 1 h 39

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La relève est assurée. Près de dix ans plus tard, la Bande de filles de Céline Sciamma a trouvé ses dignes héritières. Il s’agit de Djeneba, Amina et Zineb, un sacré trio de copines de 15 ans, héroïnes de HLM Pussy, le premier long-métrage très réussi de Nora El Hourch.

La vie pour une adolescente en banlieue n’a pas changé tant que cela, mais

On est très vite gagné par l’énergie contagieuse du film, sur un fil entre le drame et la comédie. Toujours très juste, jamais caricatural, il nous emporte. Gagné par les performances des trois comédiennes, Leah Aubert (Amina), Médina Diarra (Djeneba), Salma Takaline (Zineb), on fait le pari qu’on les reverra très vite. Les autres rôles, tout aussi intéressants, ne sont pas en reste. Nora El Hourch dépeint chaque personnage avec beaucoup de nuances, sans tomber dans un manichéisme grossier.

Ode à l’amitié et au féminisme, récit d’une émancipation, HLM Pussy est aussi joyeux que percutant, engagé que poignant. Une belle découverte cachée derrière un titre qui claque comme un cri de guerre salvateur.

 HLM Pussy , drame de Nora El Hourch, avec Leah Aubert, Médina Diarra, Salma Takaline. 1 h 41.

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Pierre (William Lebghil) est fleuriste. Entre le marché de Rungis et la boutique, il a à peine le temps de tomber amoureux d’Alison Wheeler. Judith, sa mère, revient dans sa vie sans prévenir. Elle a les traits d’Agnès Jaoui. Dans son manteau rouge, elle apparaît d’abord fantasque, bavarde, excessive. L’intranquillité de Pierre suggère quelque chose de moins joyeux. Judith est bipolaire. Pierre veut la ramener dans sa clinique. Elle monte dans les tours, drague le premier motard venu, chante fort au karaoké.

On reconnaît les symptômes de la maladie, les phases maniaques et dépressives. La Vie de ma mère n’est pas la description d’un cas clinique. Julien Carpentier filme les retrouvailles douloureuses et tendres d’une mère et d’un fils. Jaoui joue sur un fil. Lebghil ne fait plus rire. Il serre le cœur.

La Vie de ma mère , comédie dramatique de Julien Carpentier, avec Agnès Jaoui et William Lebghil. Durée : 1 h 45

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Le Boléro, c’est comme Paris-Orléans aux heures de pointe : il y en a tous les quarts d’heures. Ce thème envoûtant, répété dix-sept fois jusqu’à l’obsession, en un immense crescendo qui culmine en catastrophe, resterait, foi de statisticien, l’œuvre classique la plus jouée au monde. En seize minutes que dure la pièce, il est vrai qu’on n’a guère le temps de s’ennuyer. Tout le contraire du film par trop hésitant qu’Anne Fontaine consacre à la gestation du chef-d’œuvre de Maurice Ravel. Les premières images du générique, laborieux montage vidéo de reprises tous genres confondus – parfois ad nauseam – du thème du Boléro donne la couleur : celui d’un film qui ne va nulle part. À trop vouloir coller à son sujet, la réalisatrice, dont l’amour de la musique ne fait pourtant aucun doute, aurait-elle fini par en épouser la forme ? Celle d’une partition qui, à défaut d’être exempte de musique, refuse tout développement ?

Raphaël Personnaz convainc dans le rôle du compositeur. Il ne s’est pas contenté de perdre dix kilos et de se mettre sérieusement au piano et à la direction d’orchestre pour entrer dans le costume étriqué du compositeur. Il en a épousé les contours : la maniaquerie. Le côté enfantin. Le cynisme teinté de mélancolie (à moins que ce soit l’inverse). On n’en ressort pas moins avec un sentiment frustrant d’inabouti. Sans avoir compris où voulait aller sa réalisatrice.

Boléro , biopic d’Anne Fontaine, avec Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar, Emmanuelle Devos. 2 h.

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Vincent Lindon est dans la peau de Jacques Romand, un professeur démissionnaire qui a perdu sa vocation et vit seul dans un pavillon, entouré de livres rares et des souvenirs de sa femme décédée. Un soir, dans une supérette, il est témoin d’une agression et bloque l’un des jeunes voleurs. Arrêté puis vite relâché par la police, ce dernier, qui n’a guère goûté à son intervention, se rend chez l’enseignant pour tout saccager. Jacques Romand ne va pas appeler la police mais tout faire pour aider Victor, ce jeune Rom de 14 ans au corps plein d’hématomes, déscolarisé.

Le duo formé par ce professeur désabusé et cet enfant sauvage, par un Vincent Lindon plus vrai que nature et le formidable Stefan Virgil Stoica, casté dans une école de théâtre en Roumanie, fonctionne très bien et offre de beaux moments, touchants dans leur reconnaissance mutuelle. Malheureusement, cette rencontre pleine de promesses entre deux mondes aux antipodes s’étire et ronronne gentiment, sans nous amener bien loin faute de véritables surprises. Malgré son sujet fort, le nouveau thriller social réalisé par Nicolas Boukhrief, manque de relief pour réellement nous convaincre.

Comme un fils, drame de Nicolas Boukhrief, avec Vincent Lindon, Karole Rocher, Stefan Virgil Stoica, Sorin Mihai. 1 h 42.

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