Le lien entre soin et musique est très ancien… Les Égyptiens paraient leurs mélodies de pouvoirs magiques afin d’éloigner les maladies. Pour les Grecs, la musique était un don des dieux, ce qui rendait possible son utilisation pour soigner les troubles de l’esprit. En Chine, le souffle lie musique et médecine. Et pour les Turcs, les différentes gammes et leurs variations possèdent des vertus thérapeutiques propres.
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En France, la musicothérapie émerge comme pratique médicale dans la seconde moitié du XXe siècle, des neuropsychiatres s’y intéressant. On peut citer Jacqueline Verdeau, neuropsychiatre et musicothérapeute qui l’expérimente dès 1973 à l’hôpital de jour de Limoux. En 2003, est fondée l’ancêtre de l’actuelle Fédération française des musicothérapeutes. Des formations et diplômes universitaires voient le jour et attirent musiciens et soignants.
Des enfants en difficulté éducative et psychique, des adultes dépressifs, des personnes âgées souffrant de maladies neurodégénératives… Tous peuvent bénéficier de soins fondés sur l’écoute ou la pratique musicale. Mais pas n’importe comment : passer une chanson populaire aux résidents d’un Ehpad pour leur rappeler leur jeunesse ne peut être qualifié de musicothérapie, même si cela a un effet positif sur l’humeur de certains résidents.
En revanche, on sait aujourd’hui que la musique n’est pas seulement relaxante ; en effet, elle modifie certaines connexions cérébrales avec un effet sur la mémoire et les capacités d’attention. Certains travaux ont montré que chez les autistes, la musique peut être un vecteur de communication, et elle est à même de diminuer les troubles du comportement. Concrètement, comment cela se passe-t-il ?
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« On crée un canal de communication avec le patient, un mode de synchronisation dans un cadre très simple, un même tempo, une même mesure », explique Dominique Bertrand, musicothérapeute. « Le patient est invité à faire en même temps des choses différentes, à écouter l’autre tout en s’écoutant… ce qui n’est pas évident », ajoute-t-il. C’est cette relation singulière qui est thérapeutique, et elle va pouvoir évoluer, progresser techniquement. « Alors, la personne se lâche, sa voix est plus confiante, ses émotions plus intenses », ajoute-t-il. Les séances durent environ quarante-cinq minutes, et une dizaine de minutes est un minimum.
La musique permet de se remémorer des expériences passées et d’éprouver à nouveau des sensations, elle est donc bénéfique pour les personnes âgées, même lourdement handicapées. Citons le travail de Fleur-Lise Monastesse, intervenante en Ehpad et formatrice de soignants : avec les patients, elle mobilise le chant, la harpe, les tambourins… « Les personnes éprouvent du plaisir à toucher les instruments », confie-t-elle.
Concernant les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, une expérimentation récente a montré tout l’intérêt de la musicothérapie sur un petit groupe de patients atteints de maladies neurodégénératives suivis au Centre hospitalier d’Arpajon. Amateurs de musique, ils ont bénéficié d’une séance hebdomadaire de musicothérapie d’une durée d’une heure trente pendant un an avec une diminution significative des troubles du comportement. Cette pratique ne comporte aucun risque.