Il fallait bien deux ministres pour souligner l’importance de l’événement. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie, ont fait le déplacement jusqu’au site de La Hague d’Orano, en Normandie ce jeudi pour officialiser les décisions prises lors du conseil de politique nucléaire du 26 février.

Ces choix sont stratégiques pour accompagner la relance du nucléaire en France, qu’il s’agisse de prolonger à 60 ans – et peut-être au-delà – la vie des réacteurs existants ou de construire au moins six EPR2, voire quatorze. Le CNP, présidé par Emmanuel Macron, a opté pour la poursuite au-delà de 2040 de la stratégie de traitement et de recyclage des combustibles nucléaires, y compris pour les nouveaux EPR. « Cette prolongation ira jusqu’à minima 2100, les EPR2 ayant une durée de vie de 60 ans ».

La durée de vie des usines de retraitement des combustibles usés à La Hague sera étendue au-delà de 2040. Par ailleurs, les ministres ont annoncé le lancement des études pour construire une nouvelle usine de fabrication de combustible recyclé MOX (à base d’oxyde mixte d’uranium et de plutonium) sur le site de La Hague et des études pour construire une nouvelle usine de retraitement des déchets sur le site de La Hague d’ici 2045-2050.

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Orano emploie 5700 personnes dans le Cotentin, 10.000 avec les sous-traitants. « Je voudrais que partout en France on entende ce chiffre, c’est ça l’industrie, c’est tout un territoire qui en vie. A l’échelle de la nation, le nucléaire c’est 200.000 emplois et 100.000 qui vont être créés d’ici 2030 », a déclaré Bruno Le Maire qui a qualifié le concept de l’industrie sans usine, d’idiot et creux. Adieu donc au « fabless » à la mode dans les années 1990. Il a aussi insisté sur l’importance du nucléaire pour décarboner notre mixe énergétique, alors que la part de l’énergie devrait être multipliée par deux d’ici 2050, non seulement pour assurer la souveraineté énergétique du pays mais aussi pour améliorer l’empreinte environnementale.