Dans un avis publié ce mercredi, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande d’évaluer «au cas par cas» les plantes issues des nouvelles technologies génomiques (NGT) avant toute mise sur le marché. Début février, le Parlement européen avait de son côté approuvé à une courte majorité une proposition d’assouplissement réglementaire. Le texte européen vise à exempter une partie des variétés issues des NGT des règles encadrant les OGM, qui sont aujourd’hui soumis à une longue procédure d’autorisation, des études d’impact, des obligations en matière de traçabilité et d’étiquetage…

Qualifiées de «nouveaux OGM » par leurs détracteurs, les NGT offrent une kyrielle d’outils «éditant» le matériel génétique des plantes pour améliorer leur rendement ou les rendre plus résistantes. La technique est réalisée en désactivant un gène ou en transférant des gènes issus d’une même espèce, mais sans ajout extérieur, contrairement aux OGM «transgéniques». Les semenciers travaillent ainsi à obtenir une pomme de terre résistante à un herbicide (pour désherber sans tuer la culture), un blé à teneur réduite en gluten ou une vigne résistante à la pourriture grise. Les opposants redoutent des effets incontrôlables quand les plantes qui en sont issues se diffuseront dans la nature.

Les NGT sont au cœur d’une controverse entre ceux qui veulent qu’ils restent réglementés comme les organismes génétiquement modifiés (OGM), et les partisans d’une franche ouverture du cadre réglementaire, arguant que ces biotechnologies sont indispensables à l’heure où le changement climatique impose de trouver de nouvelles semences.

Le syndicat minoritaire Confédération paysanne et l’association France nature environnement (FNE) avaient organisé une conférence de presse la semaine dernière au Salon de l’agriculture pour demander la publication de cet avis; «bloqué par le gouvernement» selon les organisations. L’Anses a finalement diffusé ce document de plus de 300 pages mercredi, après que Le Monde en a publié des extraits mardi soir.

Avant de les autoriser, les experts de l’agence sanitaire recommandent notamment d’évaluer «au cas par cas» les «risques sanitaires et environnementaux» associés aux plantes obtenues via la technologie des ciseaux moléculaires (CRISPR-Cas9), la plus commune. Ils plaident aussi en faveur d’un «plan de surveillance post-autorisation des risques environnementaux, par un organisme indépendamment» du semencier qui a demandé de mettre cette nouvelle variété sur le marché. L’évaluation des NGT, prônée par l’Anses, pourra être «simplifiée pour des plantes génétiquement modifiées pour lesquelles l’historique de connaissances permet de justifier un moindre niveau de risque». Parmi les risques identifiés, celui d’aboutir à un produit plus allergène.