Stella dans Les Amandiers, Madeleine Verdier dans Mon Crime… Bien connue pour ses rôles de femmes d’époque, Nadia Tereszkiewicz réitère et incarne Jagna dans La Jeune Fille et les Paysans, film polonais adapté du roman Les Paysans, de Władysław Reymont, prix Nobel de littérature. Pour la première fois, elle s’essaie au doublage et ne prête à son personnage que sa voix. Le film d’animation, réalisé par DK Welchan et Hugh Welchan, a enregistré 1,8 million d’entrées en Pologne. Il sera à l’affiche dans les salles françaises à partir du 20 mars.
La Jeune Fille et les Paysans permet à Nadia Tereszkiewicz de renouer avec ses origines polonaises. «Mon père m’a beaucoup parlé de ce roman. En Pologne, c’est un chef-d’œuvre de plus de 1000 pages qu’on lit à l’école, explique-t-elle. Pour moi c’est important qu’il traverse les frontières et, en prêtant ma voix à Jagna, j’ai le sentiment de participer à quelque chose qui a du sens.»
À lire aussiVols de voix : le doublage entre en guerre contre l’intelligence artificielle
Une motivation qu’elle a mise au service de l’enregistrement, bien que cela n’allât pas de soi pour cette actrice au jeu physique. «Pour les scènes de danse ou celles de violences, je pensais que j’allais pouvoir être à quatre pattes par terre à crier et tout mais en fait pas du tout !, s’exclame-t-elle. Il y a tellement d’objets qui peuvent faire du bruit qu’on ne peut pas vraiment bouger, il faut trouver une autre forme de “physicalité”. C’était un vrai challenge, et ça m’a beaucoup plu.»
Si le doublage est une grande première pour Nadia Tereszkiewicz, elle est en revanche une habituée des rôles de femmes d’époque. «C’est intéressant de voir ces personnages des années 1930, 1940 ou 1950 avec notre regard d’aujourd’hui, explique-t-elle. Et puis je suis plus à l’aise dans ces rôles-là. On me dit souvent que j’ai un phrasé qui colle avec ces époques.» En 2022, dans Les Amandiers , elle incarnait Stella, une jeune comédienne des années 1980. Cette performance lui a valu le César du meilleur espoir en 2023. «C’était difficile de réaliser que c’était mon nom qu’on appelait, se souvient l’actrice. Au moment de monter sur scène, j’avais une telle adrénaline que je n’arrivais même pas à parler, c’était incontrôlable.» La même année, dans Mon Crime , elle endossait le rôle de Madeleine Verdier, une actrice sans sou ni talent accusée du meurtre d’un producteur dans les années 1930.
Autre époque avec Jagna, la Polonaise qui se révolte contre sa condition dans La Jeune Fille et les Paysans. «Elle vient de la campagne polonaise du XIXe siècle et en même temps, c’est une héroïne moderne par ses aspirations et son désir d’émancipation, argumente Nadia Tereszkiewicz. Jagna se bat contre le patriarcat et c’est un combat fort et très important pour les jeunes filles d’aujourd’hui.»
À lire aussiPas question de tourner des films d’action ou d’époque dans Paris durant les JO
Sans avoir à faire beaucoup d’efforts, Nadia Tereszkiewicz tisse un parallèle avec nos préoccupations et les polémiques qui secouent le cinéma. «Judith Godrèche a libéré la parole et donné une voix aux femmes qui n’en ont pas, poursuit Nadia Tereszkiewicz. Elle et toutes ces femmes qui ont mis des mots sur des actes qui ne sont pas ok ont permis aux plus jeunes de se projeter dans ce métier, avec l’espoir de travailler en sécurité. Et pour ça, je les remercie et les soutiens.»
L’actrice espère que la prise de conscience sera «irréversible». Et concernant sa carrière, elle estime ne pas pouvoir souhaiter mieux. «Que ça continue comme ça !», s’exclame-t-elle. Avec quels nouveaux rôles ? Nadia Tereszkiewicz se rêve aujourd’hui… en super-héroïne Marvel. Pour du doublage peut-être ? «Ah non, si je fais un Marvel, c’est pour jouer !», plaisante-t-elle.