Le premier musée de l’Holocauste des Pays-Bas a été officiellement ouvert dimanche à Amsterdam par le roi Willem-Alexander aux côtés du président israélien, dont la présence a été huée par des centaines de manifestants appelant à sa comparution devant la Cour pénale internationale.
«Ce musée nous montre quelles peuvent être les conséquences dévastatrices de l’antisémitisme», a déclaré le roi lors d’un rassemblement solennel dans une synagogue voisine du musée, auquel participaient des survivants néerlandais de la Shoah. Pour le président israélien Isaac Herzog, ce musée envoie «un message clair et puissant: souvenez-vous, souvenez-vous des horreurs nées de la haine, de l’antisémitisme et du racisme, et ne leur permettez plus jamais de prospérer». «Malheureusement, c’est maintenant. À l’instant, la haine et l’antisémitisme prospèrent à travers le monde et nous devons les combattre ensemble», a-t-il poursuivi.
M. Herzog a appelé à la libération «immédiate» des otages détenus dans la bande de Gaza depuis l’attaque sanglante du Hamas du 7 octobre, qui a fait 1.160 morts, la plupart des civils, et appelé à «prier pour la paix». À moins d’un kilomètre de là, des manifestants s’étaient rassemblés contre la présence de M. Herzog à cette inauguration, dont des organisations juives appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, où la riposte israélienne a fait plus de 31.000 morts selon le Hamas, et entraîné des destructions colossales.
Des centaines de personnes, arborant des drapeaux palestiniens et accusant Israël de commettre un génocide dans la bande de Gaza, criaient «Plus jamais ça, c’est maintenant !», et ont hué les responsables venus assister à l’inauguration du musée. «Il n’y a qu’un seul endroit pour lui, et c’est la CPI», la Cour pénale internationale, avance Estelle Jilissen, consultante de 25 ans, assurant que pour beaucoup de Juifs, la présence de M. Herzog «salit la souffrance de leurs ancêtres». Sur la route menant au musée, les manifestants avaient accroché aux réverbères des pancartes: «Détour vers la Cour pénale internationale.»
Uniformes rayés d’Auschwitz, boutons de vêtements arrachés à l’arrivée au camp d’extermination de Sobibor, lettres et photos: le musée, situé dans le quartier juif historique du centre d’Amsterdam, expose 2.500 objets. Avant la guerre et l’occupation nazie, les Pays-Bas abritaient quelque 140.000 Juifs, principalement à Amsterdam. 102.000 d’entre eux ont été tués pendant l’Holocauste, soit environ 75%. «Nous racontons cette histoire d’humiliation extrême et nous avons redonné leur dignité aux victimes en présentant leurs objets d’une manière très particulière, a expliqué à l’AFP Annemiek Gringold, conservatrice du musée.
L’inauguration du musée, 80 ans après la Seconde Guerre mondiale, intervient dans un contexte de montée de l’antisémitisme dans le pays. Le nombre d’actes antisémites a doublé en 2023, selon des chiffres officiels. Dans un récent incident qui a fait la une des journaux, des croix gammées ont été peintes sur une synagogue.
Amsterdam a alloué 900.000 euros pour sécuriser le musée devant lequel ont été placés des blocs de béton pour empêcher une attaque à la voiture-bélier.