Sa signature à Besiktas, en Turquie, après que Raphaël Varane l’avait délogé de sa place de titulaire au Real Madrid, sonnait comme une pré-retraite. C’était en 2017, il y a six ans et demi. Pepe n’avait alors «que» 34 ans, il en a aujourd’hui 41 et la Ligue des champions demeure son jardin. Face à Arsenal, en 8e de finale aller il y a trois semaines, le défenseur a été capital dans la victoire des Dragons (1-0). Il a reçu les louanges d’un confrère de légende, Rio Ferdinand.
«C’est fou. Je lui ai demandé : « Comment tu fais ? » Il me disait : « Je suis toujours fort. » A ce niveau-là, c’est dans la tête», s’est émerveillé l’ancien taulier de Manchester United et de l’Angleterre, aujourd’hui consultant pour la chaîne TNT, venu enlacer Pepe au bord de la pelouse. Capitaine de Porto, il a soufflé ses 41 bougies cinq jours après la rencontre, le 26 février. Il est le 5e joueur de champ le plus utilisé par Sergio Conceição cette saison (27 matches, 27 titularisations), et n’a raté aucun des 13 matches de Porto en 2024.
Il est un roc, dans tous les sens du terme, plus à l’aise que jamais dans un bloc bas comme ce fut le cas face à Arsenal, toujours impérial dans les duels, lucide sur ses tacles et avec des courses à haute intensité qui ne trahissent pas son âge. «C’est incroyable», a applaudi l’ancien international brésilien Zé Roberto dans les colonnes du journal O Jogo . Lui avait poussé le bouchon jusqu’à 43 ans, il avait quitté le Bayern Munich quand il n’en avait que 35, et avait fini sa carrière entre le Qatar et le Brésil.
«Peu de joueurs parviendront à être à ce niveau en Ligue des champions à 41 ans. C’est la preuve d’un dévouement exceptionnel à la condition physique et de tout son professionnalisme», a estimé Zé Roberto. Des qualités ombragées par sa réputation sulfureuse. Pepe a souvent eu l’image d’un joueur violent, la faute à des pétages de plombs peu fréquents mais marquants. Notamment lors de ses premières années au Real Madrid, où il en a indirectement voulu à son entraîneur José Mourinho, pas le dernier pour mettre de l’huile sur le feu. «Ancelotti nous a apporté beaucoup de sérénité», a loué par la suite le défenseur.
De la paix, Pepe en a retrouvé à Porto, après avoir tout gagné au Real (3 Ligue des champions, 3 Liga, 3 Coupes du monde des clubs…). Il est revenu en 2019 au club qui l’a révélé, et a figuré dans l’équipe-type du championnat portugais chaque saison depuis. «C’est un exemple pour tout joueur qui veut jouer en Ligue des champions», a souligné le sélectionneur de la Seleção, Roberto Martinez.
Des matches en C1, Pepe en compte 119, soit quatre de plus que les onze joueurs titulaires d’Arsenal contre Porto au match aller réunis. Il est aussi le joueur de champ le plus âgé de l’histoire de la Ligue des champions, et son plus ancien buteur après avoir marqué contre le Shakhtar Donetsk le 13 décembre (victoire 5-3).
Absent sur blessure lors des dernières trêves internationales, il devrait néanmoins vivre l’Euro 2024. «Il a une expérience, une volonté, et une éthique de travail qui est très contagieuse pour les autres autour de lui», listait Roberto Martinez en janvier. L’avenir n’en demeure pas moins flou : Pepe est en fin de contrat à Porto et rien n’indique une prolongation de contrat.
L’an dernier, il avait attendu la fin du mois d’avril pour renouveler son bail. Les Dragons étaient déjà éliminés de la Ligue des champions par le futur finaliste, l’Inter Milan, qu’ils avaient poussé dans leurs derniers retranchements (0-0, 1-0). Cette année, Arsenal est dos au mur avant la manche retour. L’occasion pour Porto, et surtout Pepe, de repousser les limites. Une fois de plus.