«On dirait que Lucas Beraldo est déjà Parisien, que c’est un joueur issu du centre de formation», s’enflamme Luis Enrique. Ledit Beraldo n’est pourtant pas un titi, loin s’en faut. Son adaptation express est tout bonnement exceptionnelle. «C’est formidable qu’il se soit adapté aussi vite, il a de la personnalité et d’énormes qualités et surtout, il s’adapte bien à notre idée de jeu. C’est extraordinaire… Logiquement, c’est pourtant l’exception parce que ça demande du temps de s’adapter, surtout quand on change de pays, de continent», souffle le technicien espagnol de 53 ans, déjà sous le charme.
Et il n’est pas le seul. Recruté l’hiver dernier à São Paulo, son club formateur, le jeune (20 ans) défenseur brésilien impressionne depuis son arrivée sur les bords de la Seine. Luis Campos a eu le nez creux. Natif de Piracicaba, tout près de São Paulo, Beraldo a fait ses débuts en professionnel en mai 2022, lors d’un match de Copa Sudamericana contre Ayacucho (1-0), lancé dans le grand bain par l’ancien gardien international brésilien Rogério Ceni. Ce n’est toutefois que lors de la saison suivante, en 2023, qu’il s’est imposé en équipe première sous les ordres de Dorival Júnior. Au final, il a disputé 52 matches toutes compétitions confondues sous les couleurs de São Paulo (1 but), décrochant au passage la Coupe du Brésil en 2023, la première de l’histoire du club. Un trophée qu’il a remporté aux côtés d’un certain Lucas Moura.
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«C’est l’un de ceux qui m’ont le plus aidé à São Paulo. Il m’a beaucoup apporté. Il est sensationnel parce qu’il veut aider tout le monde et je suis l’un de ceux qui en ont bénéficié. Il m’a aidé dans cette décision de venir à Paris, il m’a dit beaucoup de bien du club, de la ville. Il a été déterminant dans mon choix. Il m’a dit que c’est extraordinaire, que je grandirais en y allant, que je décollerais», expliquait récemment le néo-Parisien, sur Free Ligue 1.
Les dirigeants parisiens peuvent remercier Lucas, 31 ans, au club de janvier 2013 à janvier 2018, pour la passe décisive. Il a tout de même fallu débourser 20 M€ pour l’arracher à la formation pauliste. Le talent, ça se paie. Et il n’en manque pas. Même si ça ne s’est pas vu tout de suite… Confronté à une avalanche de blessures en défense, notamment dans l’axe, Luis Enrique n’a pas tardé à utiliser Beraldo. Arrivé à Paris dès le début du mercato d’hiver, le 1er janvier, il débutait contre les amateurs de Revel (9-0) même pas une semaine après son transfert, début janvier, en 32es de Coupe de France.
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Le premier de ses… 13 matches avec le PSG. Peut-être 14 s’il enchaîne face à Nice ce mercredi (21h10, beIN SPORTS et France 3), en quarts de finale de la Coupe de France. Qui l’eut cru ? Si certains ont pu douter du bien-fondé de son recrutement, c’est que «Lucho», qui «aime les joueurs qui se sacrifient pour l’équipe», a mis son nouveau défenseur à toutes les sauces, y compris en position… d’arrière gauche. Il l’a encore fait au match aller contre la Real Sociedad (2-0), le 14 février. «Tu ne mets pas Lucas Beraldo arrière gauche en Ligue des champions alors que ce n’est pas son poste, grince l’ancien Parisien Greg Paisley, consultant beIN SPORTS. Il n’a pas les orientations du corps, il y a des choses qui sautent aux yeux», jure-t-il encore, lui qui a justement évolué comme arrière gauche. Et de poursuivre : «En tant que défenseur central en revanche, j’aime beaucoup. Il est posé, serein, il relance proprement. Il y a ce déficit de vitesse, ce sera à lui de compenser dans l’anticipation. Avec la philosophie de jeu de Luis Enrique à ce poste-là, j’adore, il ne met pas des caramels devant, il pose le ballon dès que possible, il va jouer court…»
Lucas Beraldo est en effet parfaitement adapté au jeu de Luis Enrique. Quand il a de nouveau dû débuter à Saint-Sébastien, la semaine passée, c’était comme arrière central. Et cette fois, il a donné la pleine mesure de son talent. Solide et serein sur le plan défensif, il est capable de distiller d’excellentes balles dans le jeu long ou court. Tout le monde a en tête son ouverture lumineuse au début de l’action qui amène le second but de Kylian Mbappé face à la Real Sociedad. Le genre de passe qui change tout. Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir la vista et la technique. Il a les deux.
«Je me sens vraiment bien, mais ce n’est pas seulement moi, c’est toute l’équipe qui a très bien réussi à remplir son rôle. Tout le monde a réussi à bien exécuter ce que l’entraîneur nous proposait», savourait l’intéressé sur les médias du club, évoquant «un rêve devenu réalité» pour ce qui est de disputer la Ligue des champions. Beaucoup ont d’ailleurs mis en lumière son attitude au moment de l’hymne de la C1, tout sourire, les yeux vers le ciel, heureux comme un gamin. Rien d’étonnant. C’est même pour cela qu’il a hérité de son surnom, «Joker». «C’est parce que j’éclate de rire avant chaque match. C’est le travail mental que je fais pour rentrer plus confiant et avoir une meilleure performance», raconte-t-il, précisant qu’il «remercie toujours Dieu avant chaque match». S’il continue sur cette lancée, il aura l’occasion de sourire et dire merci avant de nombreux coups d’envoi avec Paris…
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Et pas qu’avec le PSG d’ailleurs. International U20 jusqu’ici, Lucas Beraldo a été convoqué avec l’équipe du Brésil en vue du rassemblement de mars. Une première pour lui. Le nouveau sélectionneur le connaît bien, c’est Dorival Jr, son coach à São Paulo. Ce sera l’occasion pour lui de continuer à apprendre aux côtés de celui qu’il voyait déjà comme son «idole» avant de débarquer en France, Marquinhos. «Je le vois tous les jours maintenant ! J’apprends énormément avec lui et d’être à ses côtés», sourit le jeune défenseur, qui s’appuie sur «Marqui» et les autres lusitanophones (Danilo, Ramos, Vitinha) à Paris. Hispanophone, il peut aussi échanger directement avec Luis Enrique.
À voir si ledit Luis Enrique lui accordera autant de temps de jeu quand l’infirmerie se videra. Nuno Mendes en est déjà sorti. Danilo aussi. Restent Marquinhos, qui est par ailleurs forfait jusqu’à la trêve internationale comme on l’a appris mardi, Milan Skriniar et Presnel Kimpembe. Il y aura toujours des minutes à prendre ici et là sachant que l’ex-sélectionneur de la Roja est un adepte du turnover perpétuel, histoire de concerner le maximum de joueurs. Turnover qui a notamment permis à Lucas Beraldo d’être prêt face à la Real Sociedad en Ligue des champions.
«C’est vrai que j’aime beaucoup Beraldo dans l’axe, c’est peut-être sa position idéale, mais si l’équipe a besoin de lui en tant qu’arrière, il est ouvert à cette option. En fait, même un attaquant pourrait jouer défenseur pour moi si on en a besoin à un moment, décrypte Luis Enrique. J’ai besoin de 23 joueurs qui me disent : “où veux-tu que je joue, coach ?”. Et c’est ce qu’il y a de beau quand tu crées une équipe, un groupe, que les joueurs jouent où on a besoin d’eux et de faire les choses de manière un peu différente», martèle l’ancien coach du Barça, de la Roma et du Celta Vigo, louant le «bon travail de Luis Campos de recruter un joueur comme lui». Et d’ajouter : «Malgré son jeune âge, son adaptation est incroyable, on dirait qu’il a de longues années en professionnel derrière lui». Du côté du PSG, il n’y a plus qu’à espérer que l’autre recrue brésilienne de l’hiver dernier, Gabriel Moscardo, suivra la même trajectoire. Blessé au moment de sa signature, le milieu de 18 ans est finalement resté en couveuse aux Corinthians, en prêt. Il rejoindra Beraldo à Paris cet été.