Il y a deux Inter Milan cette saison. Celui qui avance à pas de loups en Ligue des champions, avec sept matches mais aucune victoire par plus d’un but d’écart. Et il y a l’éléphant dans le couloir de la Serie A, bruyant et immanquable. En championnat, l’Inter compte 16 points d’avance sur son dauphin, l’AC Milan. Il est en course pour battre le record de points sur une saison (102 par la Juventus en 2013-14) et a de très loin la meilleure attaque (70 buts) et la meilleure défense (13 buts encaissés).
Il n’était pourtant pas garanti que l’Inter soit cette machine de guerre. Depuis leur troisième place en Serie A de la saison passée, mais aussi et surtout l’épopée jusqu’en finale de Ligue des champions (défaite 0-1 face à Manchester City), les Nerazzurri ont perdu le gardien André Onana, le défenseur Milan Skriniar, les milieux Marcelo Brozovic et Robin Gosens et les attaquants Edin Dzeko, Romelu Lukaku et Joaquin Correa. Ils étaient soit titulaires, soit remplaçants de luxe. «Et l’équipe ne souffre pas, elle fait même encore mieux», a applaudi le légendaire gardien intériste, Walter Zenga, confiant son «admiration» pour l’entraîneur Simone Inzaghi.
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Invité sur le plateau de la chaîne britannique Sky Sports, Thierry Henry a donné le nom de l’Italien lorsqu’on lui a demandé quel coach il admirait tactiquement. En restant fidèle à son 3-5-2, déjà employé par Antonio Conte qui lui a passé le relais sur le banc en 2021, Inzaghi roule sur la Serie A. En C1, c’est une équipe minimaliste mais mature, sereine et sûre de sa force, à l’image de sa remontée sur la pelouse de Benfica le 29 novembre (3-0 à la mi-temps, 3-3 score final).
Face à l’Atlético de Madrid, en 8e de finale aller, le champion d’Italie 2021 s’est armé de patience pour fissurer le bloc espagnol (1-0). Comme un symbole, c’est l’avant-centre remplaçant Marko Arnautovic qui a délivré l’Inter. Car l’équipe lombarde s’est renouvelée : Arnautovic et Alexis Sanchez sont les nouveaux «supersubs», Yann Sommer le gardien du temple, et il y a surtout deux renforts tricolores de poids. Benjamin Pavard fait l’unanimité dans l’arrière-garde intériste, autant que Marcus Thuram en attaque.
Inzaghi a qualifié Pavard de «très, très grand joueur» il y a un mois, appréciant son adaptation express. En partie grâce à lui, l’Inter compte un nombre affolant de 24 «clean sheets» (matches sans encaisser de but) en 35 matches, plus que toute équipe dans les cinq grands championnats européens cette saison. Devant, elle carbure avec son capitaine et champion du monde argentin, Lautaro Martinez (26 buts), outsider pour le Ballon d’Or, et sa recrue Marcus Thuram (12 buts, 7 passes décisives), complément parfait, polyvalent et volontaire en défense.
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«L’Inter fait partie des 4 ou 5 meilleures équipes d’Europe», estimait l’entraîneur de l’Atlético, Diego Simeone, avant le match aller. «C’est la meilleure équipe d’Europe en ce moment», a-t-il rectifié mardi. Expérimentée et disciplinée, animée d’une confiance inébranlable (13 victoires de suite, une seule défaite cette saison), elle coche toutes les cases pour soulever la coupe aux grandes oreilles à Wembley le 1er juin. Un peu comme le tenant du titre, Manchester City, un peu moins pour le Real Madrid, plein de ressources mais encore poussif.
Reste un obstacle à ne pas prendre par-dessus la jambe : ce 8e de finale retour à Madrid ce mercredi (21h), après une victoire sur la petite des marges qui n’offre que peu de sécurité. «Ce n’est pas un grand déficit, a acquiescé Simeone. Il n’y a pas grand-chose à dire. Nous devons laisser les actes parler». Ceux de l’Inter sont, jusqu’ici, éloquents.