Il aura fallu moins de 24 heures pour que le projet d’émission imaginé par France Télévisions, réunissant stars d’internet et athlètes, vacille. Mardi 12 mars, la chaîne a dévoilé sur les réseaux sociaux la bande-annonce de cette journée sportive organisée à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024 et qui doit se tenir le 27 avril prochain à Paris la Défense Arena. Le tout diffusé en direct sur la plateforme france.tv et la chaîne Twitch du streamer ZeratoR, animateur de l’émission. L’évènement prévoit 32 participants répartis en huit équipes pour s’affronter dans des disciplines comme l’escrime ou le ping-pong.
Quelques heures après, l’annonce créait une controverse sur les réseaux sociaux et des débats houleux entre les différentes communautés de ces stars du web. Une partie des internautes a d’abord pointé du doigt la présence d’influenceurs jugés polémiques. Notamment l’influenceuse Ophenya qui avait fait, en fin d’année dernière, la promotion de «Crush», une application de rencontres pour mineurs. Même si elle avait réfuté dans un communiqué tout lien avec cette plateforme, plusieurs personnes se sont insurgées de sa présence dans un tel projet.
Autre invité sujet à frictions, le youtubeur Tibo Inshape régulièrement accusé, par certains, de tenir des propos misogynes et transphobes dans ses vidéos. «C’est quand même pas Staline!», ont réagi des fans du vidéaste, à leur tour en colère de voir les critiques pleuvoir à son encontre. «Je profite d’être en TT (pour je ne sais encore quelle raison) pour vous souhaiter une belle journée prenez soin de vous et bonne séance de sport !», a réagi le principal intéressé dans un tweet publié ce matin.
Devant les retours de leurs abonnés, des têtes d’affiche de l’événement ont alors fait part de leur propre surprise autour du casting et, plus largement, de l’organisation de l’émission. « Je n’étais au courant que de ma team pour l’émission des JOs et pas des capitaines, et ça m’apprendra des fois à laisser aller vite», a réagi la streameuse Baghera sur X (ex-twitter). «Je ne valide en aucun cas les actions et/ou propos de certains participants à cet événement. J’attends actuellement des réponses et actions pour connaître la suite de ma participation ou non à cette journée».
Sur le populaire talk-show Popcorn, diffusé hier soir sur la plateforme Twitch, le streamer Zerator a partagé un avis similaire à celui de sa collègue Baghera. «C’est un problème, on ne va pas minimiser le truc. J’ai parlé à l’orga tout de suite même si je ne suis pas du tout impliqué dans celle-ci […]. J’ai naïvement fait confiance à l’organisation pour vérifier le background des invités», a-t-il expliqué. « Les premières images qu’on a eues du casting c’était il y a quelques semaines et, en gros, on m’a soumis une liste en me demandant si certaines personnes pouvaient poser problème pour les communautés. Mais il y a des gens qui n’étaient pas dans la bande-annonce finale», a précisé le vidéaste, qui doit normalement animer l’émission.
Les jeunes communautés de ces stars du web questionnent aussi la participation des streamers à un événement en lien avec les JO, alors même que cette compétition «met dehors des étudiants et fout tout le monde dans la merde!», écrivent-ils sur X. Or, le lien entre l’émission de France TV et les Jeux Olympiques n’aurait pas été véritablement explicité par la chaîne. « J’ai été contacté pour être présentateur de cette émission […] et j’ai un peu vite dit oui. On m’a présenté ça comme une ZLAN du sport », a décrit Zerator sur Popcorn, en faisant référence à la compétition multigaming qu’il organise chaque année.
D’après le vidéaste, un communiqué devrait être publié par la chaîne prochainement et plusieurs éléments de ces «jeux aux streamers» modifiés. France Télévisions n’a, pour l’heure, pas publiquement réagi. Mais la première bande-annonce diffusée hier sur leurs réseaux sociaux a été retirée. Le lien vers la billetterie, disponible initialement sur le site de Paris la Défense Arena, a lui aussi disparu. Ne restent que les critiques de nombreux internautes qui y voient une nouvelle preuve que la télévision «ne juge pas utile de prendre aux sérieux les créateurs de contenus et, surtout, de se renseigner sur qui ils invitent».