Ancien ministre des Transports redevenu simple député il y a un mois, Clément Beaune est toujours une voix qui compte dans la majorité présidentielle. Invité de l’émission «Télématin» sur France 2 ce mercredi matin, celui-ci a appelé à une «trêve olympique» pour éviter les grèves pendant les JO de Paris cet été. «Il est temps d’avoir des accords sociaux qui prévoient des trêves olympiques. On ne peut pas se permettre en France d’avoir des Jeux olympiques et paralympiques qui donnent cette image de paralysie», a estimé le représentant de l’aile gauche de la macronie.
Ces déclarations sont une réponse à la menace de grèves dans la fonction publique pendant les JO agitée par la CGT – premier syndicat du secteur – la semaine dernière. Sa secrétaire générale Sophie Binet a affirmé jeudi dernier que son syndicat déposerait en avril des préavis de grève dans les trois branches de la fonction publique (État, territoriale, hospitalière), pour la période couvrant les Jeux olympiques. La deuxième force syndicale du secteur public, Force ouvrière, lui a emboîté le pas en annonçant un préavis de grève courant du 19 mars, jour d’une mobilisation intersyndicale pour les salaires des agents publics, au 8 septembre.
Interrogé plus particulièrement sur les transports, Clément Beaune a assuré que «tout le monde, y compris les organisations syndicales, (avaient) le sens des responsabilités». «Mon successeur (au ministère des Transports, Patrice Vergriete, NDLR), les grands opérateurs publics, la SNCF et la RATP, sont en train de négocier. Je suis confiant. Il faut mettre les bouchées doubles pour les semaines qui viennent pour trouver des accords sociaux», a insisté l’ancien ministre. «Il faut bosser dur entre maintenant et le mois de juin pour trouver des accords sociaux dans les entreprises», a-t-il martelé.
Ces accords passeront-ils forcément par des primes exceptionnelles ? Oui, selon Clément Beaune. «C’est normal que dans les services publics il y ait des primes, des aides, car il y a des centaines de milliers de fonctionnaires qui vont travailler bien plus que d’habitude, renoncer à leurs congés. C’est le cas notamment de nos policiers», a jugé le député Renaissance de Paris.
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Son successeur au ministère des Transports, Patrice Vergriete, s’est lui aussi montré confiant sur le contexte social attendu pendant les Jeux. «Je ne suis absolument pas inquiet», a assuré le ministre actuel sur France Inter fin février. «Je viens d’une culture ouvrière et je ne crois pas un seul instant que les ouvriers, les salariés, les syndicats, mettront en péril l’image de la France, l’image de leur entreprise, aux yeux du monde entier». «Il n’y aura pas grève», a-t-il affirmé.
«Tout le pays souhaite qu’il n’y ait pas de grèves» pendant les Jeux olympiques et paralympiques, a lui martelé samedi dernier sur Franceinfo le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini. Comme Clément Beaune, le président du comité d’organisation des Jeux Tony Estanguet s’est également dit favorable à une «trêve sociale» pendant l’événement. «Oui, moi je la souhaite, j’ai envie qu’on accueille le monde dans les plus belles conditions et qu’on ne gâche pas la fête», a-t-il déclaré dans «Télématin» fin février.
Dans la fonction publique, la CFDT a, à l’inverse de la CGT, indiqué qu’elle n’avait pas prévu «à ce stade» de déposer de préavis de grève pour les Jeux olympiques, a assuré sur France 2 vendredi dernier Marylise Léon, la secrétaire générale de la confédération. «Pour la CFDT, il n’y a aucune envie de gâcher ce moment festif des Jeux olympiques . Donc raison de plus pour que les employeurs (…) soient au rendez-vous et fassent des efforts dans le cadre des négociations qui sont ouvertes», a argumenté la responsable du premier syndicat français. L’Unsa, quatrième syndicat du secteur public, a également fait savoir qu’il n’appelait pas pour l’instant à la mobilisation dans la fonction publique pendant les JO.
À noter par ailleurs que cette idée de «trêve olympique» est appliquée dans l’aérien, où le premier syndicat de contrôleurs (SNCTA) s’est engagé en septembre dernier à ne pas appeler à la grève d’ici à septembre 2024. En revanche, dans les transports en commun parisiens, la CGT de la RATP a déposé en janvier un préavis de grève courant du 5 février au 9 septembre, soit couvrant la période des JO.