Pour sa toute première édition, le PowR Earth Summit a fait les choses en grand, avec la venue de Barak Obama, l’ancien président des États-Unis, connu pour ses engagements en faveur de l’environnement. Pendant une heure, il est revenu sur ses actions, lorsqu’il était à la Maison Blanche, mais aussi ses convictions. L’opportunité aussi pour les promoteurs de l’événement consacré à la transition énergétique, qui se tient du 13 au 15 mars à La Défense, de gagner rapidement en notoriété!
Barak Obama avait placé la transition énergétique au cœur des mesures de relance engagées pour répondre à la crise de 2007-2008. «Il fallait d’abord réparer un système qui aurait pu nous conduire vers une grande dépression. Les mesures à court terme pour aider les gens qui en avait besoin ne suffisaient pas, il fallait aussi vraiment reconstruire les infrastructures et notamment celles liées l’énergie. À cette époque, le solaire, l’éolien commençaient tout juste à décoller aux États-Unis. Avec la dépression, nous risquions potentiellement de perdre toute cette industrie». L’histoire a montré que les soutiens publics alors débloqués ont permis au pays de commencer à s’équiper en énergies renouvelables. «Le charbon représentait 46% de la consommation énergétique du pays. Quand j’en ai quitté la présidence cette part était divisé par deux».
«La croissance économique est entièrement compatible avec l’agenda de la transition. Mais il y a un coût. La vraie question est : qui en supporte le coût? Aux États-Unis, où tout le monde conduit, il faut reconnaître que tout le monde ne peut pas se payer une Tesla. Augmenter le prix des carburants fossiles pour pousser les gens à aller vers les énergies renouvelables, risque de créer des résistances fortes à la transition énergétique », prévient-il.
Barak Obama est revenu sur la signature des accords de Paris. «Ça a été très long. Ça a commencé huit ans plus tôt à Copenhague en 2009. L’Europe voulait réduire les émissions de carbone, contrairement aux pays en voie de développement, menés par les BRICS, qui ne voulaient pas en entendre parler». Le monde développé a causé le problème et était encore, en 2009, à l’origine de la plupart des émissions de gaz carbonique. «Il fallait donc trouver une autre formule». «Le premier ministre chinois et celui de l’Inde me fuyaient, on m’a dit qu’ils étaient partis pour l’aéroport et je les ai cherchés et trouvés et ils ont signé. Les Européens étaient déçus de voir que les objectifs n’étaient pas contraignants, mais, le fait que la Chine et l’Inde signent était essentiel du fait de l’importance de leur population. Cet accord a posé les fondations les six années suivantes de négociations, avec le président Xi Jiping».
À Paris, il a encore dû chercher les dirigeants indiens pour les ramener autour de la table. Obtenir que 190 pays se mettent d’accord a introduit la notion d’urgence autour du problème climatique.
Pour Barak Obama, les actions de son successeur à la Maison Blanche, «parlent d’elles-mêmes». Il n’en dira pas plus. Si ce n’est pour souligner une «interruption», dans les mesures qu’il avait mis en place, avant que Joe Biden ne relance la machine, en investissement massivement à nouveau.
Il a aussi mis en garde contre les blocages systémiques qui viennent du grand public, les prises de position «anti-establishment», qui freinent les évolutions pourtant nécessaires pour répondre aux enjeux de la transition énergétique. «Si nous utilisons les technologies disponibles aujourd’hui, nous pouvons réduire les émissions de gaz à effet de serre américaines de 25 à 30%, sans qu’il soit nécessaire de consentir d’importants investissements».
Au-delà des sujets climatiques, la protection de la biodiversité fait partie des actions dans lesquelles il s’est engagé. «Les humains, nous avons beaucoup de grandes qualités, mais nous avons un effet désastreux sur notre habitat». «Quand nourrir votre famille est votre préoccupation principale, sauver un animal n’a pas d’importance, pas plus de sauver une forêt». Il s’est aussi souvenu de sa sœur, qui au Kenya lui avait dit : «Les blancs adorent regarder les animaux dans les réserves, mais ils ne s’occupent pas de la population». Si la conservation de la nature se fait au profit des plus pauvres, alors ils y trouveront un intérêt.
« La Terre sera toujours plus habitable que Mars, ce n’est pas un argument contre l’exploration spatiale, nous avons été conçus pour cette planète et ce serait bien qu’on la garde viable. La nature gagne toujours. Il ne s’agit pas de sauver la planète, mais de nous sauver nous. La vie continuera toujours. Cet engagement n’est pas purement altruiste !» a-t-il ajouté, appelant à investir toujours plus dans la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique.
«J’aimerais que les défenseurs de l’environnement se concentrent un peu plus sur les actions. Au lieu de parler des centaines de milliards que nous allons dépenser plus tard, concentrons-nous sur des solutions simples, efficaces, attractives» .
Barak Obama a aussi rendu un vibrant hommage au savoir-faire français dans le nucléaire ! «En France, une grande partie de la production d’électricité vient du nucléaire : si ce programme est si réussi, c’est parce que les Français ont construit plusieurs réacteurs sur le même modèle. Les États-Unis ont construit des réacteurs tous différents les uns des autres et le système s’est effondré. C’est pareil dans les énergies renouvelables, pour que ça fonctionne, il faut passer à l’échelle industrielle».
Il a aussi, à plusieurs reprises, insisté sur le rôle fondamental des jeunes générations dans cette transition climatique. Sans jamais prononcé son ancien slogan de campagne, il a fait preuve d’un optimisme constant de la capacité de l’humanité à améliorer son environnement. «Le plus gros défi, ce n’est pas de convaincre les jeunes que le changement climatique est important, mais qu’ils peuvent faire quelque chose pour améliorer les choses. On agit mieux par espoir que par désespoir !».