La Commission européenne hausse le ton contre AliExpress. Bruxelles a ouvert jeudi une « enquête formelle » visant le géant chinois du commerce en ligne. La filiale d’Alibaba est soupçonnée de ne pas avoir respecté ses obligations en matière de lutte contre la vente de produits dangereux. Parmi les produits concernés, figurent de faux médicaments, des jouets suspects ainsi que des compléments alimentaires jugés dangereux pour la sécurité des consommateurs. Bruxelles accuse aussi AliExpress d’avoir laissé du contenu pornographique sur sa plateforme, et de ne pas avoir empêché des influenceurs de promouvoir des produits illégaux ou dangereux.

La Commission européenne avait adressé début novembre une demande d’informations à AliExpress. Sur la base de l’enquête préliminaire, elle a décidé d’ouvrir une procédure formelle dans le cadre du nouveau règlement sur les services numériques (DSA), destiné à mieux protéger les consommateurs, selon une source européenne. «Le DSA ne vise pas uniquement la haine, la désinformation et le cyberharcèlement, déclare Thierry Breton, Commissaire européen chargé du marché intérieur. Il est aussi chargé de veiller au retrait des produits illégaux ou dangereux vendus au sein de l’Union européenne via les plateformes d’e-commerce. Cela n’est pas négociable lorsqu’on veut opérer sur le Marché unique européen. En tant que plateforme de plus de 100 millions d’utilisateurs en Europe, AliExpress doit pleinement se conformer au DSA et prendre des mesures adaptées ».

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Avec 104,3 millions de clients en Europe, AliExpress fait, en effet, partie des très grandes plateformes soumises au DSA. À ce titre, il avait jusqu’à fin août 2023 pour se mettre en conformité avec les obligations du texte. Le succès du e-commerçant n’a cessé de croître ces dernières années sur le Vieux Continent. Depuis cinq ans, il a mis l’accélérateur en Europe avec ses produits à petits prix vendus aussi bien par des grandes marques que par des commerçants locaux. Il a également musclé ses capacités logistiques. Mais sa domination est désormais remise en question par ses compatriotes Temu et Shein qui ne cessent de gagner du terrain.

L’entrée en application du DSA a changé les règles du jeu avec les plateformes et donné de nouveaux pouvoirs à la Commission européenne. C’est la troisième fois depuis l’entrée en application du texte que Bruxelles lance une enquête, après X (ex-Twitter) le 18 décembre dernier, soupçonné de ne pas suffisamment lutter contre la désinformation, et TikTok le 19 février, pour des manquements présumés à ses obligations de protection des mineurs. Au-delà d’AliExpress, Bruxelles serre la vis contre les grandes plateformes. Le réseau social LinkedIn a également fait l’objet de l’ouverture d’une investigation ce jeudi. Enfin, la Commission européenne a demandé à huit plateformes (Google Search, Bing, Facebook, Snapchat, TikTok, Youtube, X) de démontrer leurs efforts en matière de lutte contre les « deep fake ». À trois mois des élections européennes, Bruxelles entend bien faire monter la pression sur les plateformes pour éviter les dérives.