Envoyé spécial à Lyon
Quelle analyse faites-vous de cette victoire complètement folle ?Fabien Galthié. Celle-là, on est allé la chercher ! On est passé par tous les états d’âme. L’expliquer, c’est difficile. Mais la raconter, c’est possible. En première mi-temps, on rentre bien dans le match. On domine les bases, la conquête, les premières collisions. On se crée beaucoup de temps forts. Mais on manque de lucidité et on ne les concrétise pas totalement. Avec plus de maîtrise et de lucidité, le score doit être bien plus lourd… On pouvait mieux terminer mais on ne se paye pas.
Vous avez alors craint que cela ne coûte cher ?Ce n’est pas la première fois qu’on vit ce scénario. Quand tu n’es pas efficace face à une équipe en place, qui attend son tour, tu t’exposes. Et on a pris un 21-0. À ce moment-là, l’édifice tremblait vraiment. C’est un moment où tu peux te dire que… Là il faut être sacrément solide pour faire ce que l’équipe a fait : remettre la pression là où on voulait, reprendre de l’avancée, sauter sur les moindres occasions, comme ce turn-over sur une touche. On est vite repassé devant au score. C’est là qu’il faut un esprit collectif, une force de caractère hyper-solide. Et tous les joueurs qui sont entrés nous ont permis de colmater les brèches, de reprendre la main et le score. Mais on a des points d’amélioration, on en est conscient.
Ce match rappelle le quart de finale de la Coupe du monde …Exactement… Sauf qu’à la fin, on gagne. C’est la vie. Je souhaitais que ce Tournoi soit la suite de notre histoire, une continuité. Dans cette victoire, il se peut qu’il y ait de l’apprentissage de ce qu’il s’est passé il y a quelques mois…
L’équipe a grandi lors de ce Tournoi ?Je pense oui. En tout cas, elle s’est battue… On a commencé le Tournoi en jouant trop souvent à 14 contre 15 et on a payé très cher ces errances. Malgré cela, l’équipe a continué à être résiliente, solide sur certains points, pas sur tous c’est vrai. Après le match nul contre l’Italie, on avait ce challenge de deux matches en six jours à relever. J’ai alors dit aux joueurs «ils sont pour nous !». Les joueurs se sont levés et ont dit oui, ils sont pour nous. On a beaucoup appris sur nous…
Ces deux dernières victoires effacent-elles un début de Tournoi plus mitigé ?C’est un beau Tournoi. On a vécu un Tournoi d’enfer. Au sens propre comme au figuré. Sans répit, tout le temps brûlant, tout le temps sur la brèche. On était parfois sur la cime, parfois sur la tranche… Il fallait être solide. Et les joueurs l’ont été. Super solides même… On se sentait coupable avec le staff de leur faire vivre ces moments-là. On a tout fait pour que ça ne dure pas.
Cette 2e place est une juste récompense ?Je ne sais pas…
Un mot sur Nolann Le Garrec, à nouveau étonnant de maîtrise pour sa deuxième sélection.C’est un super gamin. Il est jeune, on a envie de s’en occuper (sourire). On essaie de montrer le chemin aux nouveaux alors qu’on les a accueillis en pleine tempête, qu’on découvre d’autres environnements. Il a été super solide sur ses entrées comme ses titularisations. On savait qu’il ne lâchait rien. Il nous a beaucoup apporté.
Propos recueillis en conférence de presse