COUPS DE CŒUR

Et 18 points de plus au compteur. Qui font 63 au total (12,6 en moyenne par match) dans ce Tournoi que Thomas Ramos termine meilleur réalisateur comme l’année dernière. Sur cette édition 2024, le buteur toulousain devance l’Écossais Finn Russell (55 pts) et l’Anglais George Ford (48 pts). Samedi soir, à Lyon, sa réussite (4 pénalités sur 5, 3 transformations) a de nouveau frôlé les 90%. Indispensable quand il s’agit de remporter des rencontres aussi serrées. La preuve avec sa pénalité décisive et lointaine (50 mètres face aux poteaux) à une minute du coup de sifflet final qui a offert la victoire aux Bleus. Une responsabilité que l’arrière replacé à l’ouverture du XV de France a tenue à exercer. «Maxime Lucu était aussi chaud que lui pour la taper. Les deux étaient bouillants, mais Thomas Ramos a gardé la main. Bravo à lui», a rendu hommage Fabien Galthié à l’issue de la rencontre.

Depuis la fin houleuse du mandat d’Eddie Jones, l’Angleterre était à la recherche de son lustre passé. Pendant de longs mois, elle a navigué à vue en se reposant sur un jeu restrictif, sans saveur ni odeur. Le XV de la Rose a réussi à décrocher la troisième place du dernier Mondial, un petit miracle tant les joueurs de Steve Borthwick semblaient à côté de leurs crampons. Le début de ce Tournoi 2024 a été des plus poussifs. Avant le réveil de la bête. Il y a d’abord eu ce succès, tout en brutalité, face aux Irlandais. Avant de confirmer face aux Bleus en proposant un jeu alerte, dynamique et en ratant un premier succès en France de 2016. «On continue à progresser, ça prend du temps, avec des joueurs d’expérience et d’autres qui n’ont qu’une poignée de sélections. On fait forcément des erreurs, mais on en tire des leçons», a salué le sélectionneur, qui a réussi à réveiller l’Angleterre, cette belle endormie.

La délocalisation a du bon quand les Bleus se retrouvent dans une cathédrale en totale communion. Avant même le coup d’envoi, le public lyonnais donnait déjà de la voix dans ce Groupama Stadium impressionnant avec ses tribunes verticales. La Marseillaise fut au niveau de la ferveur des 60.000 spectateurs, déterminés à être des acteurs de ce Crunch. Les encouragements n’ont jamais cessé, y compris au plus fort de la tempête. Le public venu à Décines, dans la banlieue lyonnaise, a même lancé quelques clapping aussi retentissant que revigorant. En effectuant un dernier, lors du tour d’honneur, pour saluer les héros vêtus de bleu, ravis de prendre part à cette scénographie pour les remercier de leur soutien sans faille.

COUPS DE GRIFFE

Il y a peu, en manque de confiance, le XV de France ne s’en serait sûrement pas relevé. Un 21-0 qui fait mal aux têtes et tétanise les jambes. Alors qu’ils faisaient la course en tête en première période, Grégory Alldritt et ses coéquipiers ont d’abord encaissé un essai d’Ollie Lawrence juste avant la pause (40e 1), réduisant leur avance (16-10). Avant de connaître un trou d’air bien plus important au retour des vestiaires, encaissant deux nouveaux essais, par Ollie Lawrence encore (42e) puis un autre, quasiment dans la foulée, par Marcus Smith (46e). Et les Bleus de se retrouver mener 16-24. Tout était à refaire… Un frisson d’effroi a alors parcouru le Groupama Stadium. Les Bleus se sont alors lancés dans une folle remontée. Et, là où ils avaient échoué contre les Springboks, en quarts de finale de la dernière Coupe du monde, ils ont su trouver la force de renverser cette situation mal embarquée. «À ce moment-là, l’édifice tremblait vraiment, a reconnu Fabien Galthié. Il fallait être sacrément solide pour faire ce que l’équipe a fait.» Mais elle aurait pu – sans relâchements défensifs coupables – s’éviter de tels tourments.

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Le double. Quand les Français ont été sanctionnés à cinq reprises par l’arbitre australien, Angus Gardner, les Anglais le furent à dix reprises. Dans la moyenne des standards internationaux. Sauf que ces fates ont offert des opportunités précieuses au buteur tricolore, Thomas Ramos. Cinq pénalités tentées, quatre réussies pour 12 points qui font la différence au coup de sifflet final. À une minute de celui-ci, en se mettant une nouvelle fois à la faute, les avants du XV de la Rose ont permis au Toulousain de devenir le héros du Crunch avec son coup de pied précis de 50 mètres. À l’inverse, George Ford, pourtant également précis (5/5 samedi soir), n’a eu qu’une pénalité à se mettre sous le pied.

Il était réclamé à cor et à cri pour remplacer un Jonathan Danty fatigué, ombre de lui-même lors des deux premiers matchs et demi de ce Tournoi. Et demi car le centre rochelais a été expulsé juste avant la pause face à l’Italie. Sa suspension pour la suite de la compétition offrait enfin l’opportunité à Nicolas Depoortère d’être lancé dans le grand bain. Après une première mitigée face aux Gallois, avec des erreurs défensives coûteuses, le jeune centre de l’UBB était attendu au rebond. En vain. Le capitaine des champions du monde U20 a de nouveau été décevant. Un plaquage manqué sur Ben Earls aboutissant à l’essai de Marcus Smith. Un en-avant sur une opportunité d’essai. Peu d’avancée balle en mains quand ses coéquipiers de la ligne arrière s’étourdissaient d’espaces. À son crédit ? Sa passe sur un pas à destination de Gaël Fickou, créant le décalage sur l’essai de Le Garrec. C’est peu vu ses prestations étourdissantes sous le maillot de Bordeaux-Bègles. Le seul néophyte lancé lors de ce Tournoi qui n’a pas convaincu. Le Palois Émilien Gailleton ou le Toulousain Pierre-Louis Barassi pourraient bien en profiter pour lui griller la politesse…