L’héroïne d’Anatomie d’une chute a-t-elle tué son mari ? Chacun a sa théorie mais personne n’a la solution. Justine Triet, seule personne capable d’ôter le doute, préfère laisser planer le doute et constater que chaque public a sa théorie. Au micro de France Inter, la réalisatrice a expliqué que les Français jugent Sandra Voyter (jouée par Sandra Hüller) «innocente» alors que les Américains l’imaginent plus volontiers «coupable». Les Espagnols considèrent la romancière «détestable». «La façon dont Sandra est incarnée est très féministe, témoigne Triet. C’est quelqu’un qui est tellement décomplexé dans sa façon de ne pas demander ce qu’elle veut mais de l’imposer… Cela a fait réagir. Des gens se sont sentis choqués.»
Mais l’héroïne est-elle coupable du meurtre de son mari ? Est-il tombé du haut de leur chalet ? Ou s’est-il suicidé ? L’histoire, composée par Justine Triet et son compagnon Arthur Harari, ne le dit pas. Et quand on interroge la réalisatrice, elle se borne à expliquer qu’elle donnera sa version «dans dix ans». Interrogée par les médias américains lors de sa campagne en vue des Oscars, la réalisatrice a donné la même réponse.
Le suspense sur ce film d’enquête et de procès n’explique pas à lui seul le succès du film. «C’est vraiment le couple, l’homme, la femme, le rapport entre l’homme et la femme» qui «a marqué les gens», estime Justine Triet. «Les gens se sont totalement identifiés à ce couple, et à ces difficultés de vivre ensemble, d’être dans cette forme de parité», poursuit-elle. Le contexte
Le long-métrage, palme d’or à Cannes en 2023, six César en 2024, dont celui du meilleur film, deux Golden Globes et un Bafta, avait été en lice dans cinq catégories aux Oscars cette année et a recueilli celui du meilleur scénario original.
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«C’est vraiment le couple, l’homme, la femme, le rapport entre l’homme et la femme» qui «a marqué les gens», confie Justine Triet. «Les gens se sont totalement identifiés à ce couple, et à ces difficultés de vivre ensemble, d’être dans cette forme de parité», poursuit-elle.
La réalisatrice, récompensée lors de la cérémonie des César où Judith Godrèche a pris la parole pour encourager la famille du cinéma à «regarder la vérité en face», s’est rendu compte que son film, écrit après l’arrivée du mouvement MeToo, est «complètement imbibé du post-MeToo». «Judith Godrèche, après Adèle Haenel, dit des choses essentielles, nécessaires. On a mis plus de temps à y arriver en France mais on y arrive, explique-t-elle. L’inceste, le viol et tout, malheureusement, concerne les couches sociales aisées, les pauvres, les riches, les classes moyennes. Donc il faut le redire : cette libération est nécessaire partout.»