C’est en 2007 que l’agence canadienne Dominion Bond Rating Service (DBRS) pose pour la première fois ses valises en France, après avoir reçu l’agrément du ministère des Finances pour exercer ses activités de notation dans l’Hexagone, à la suite de l’avis favorable délivré par l’Autorité des marchés financiers. Régulièrement, depuis, elle se penche sur le cas français. Et c’est ce vendredi soir qu’elle doit actualiser sa notation financière. Éclipsés par la renommée des trois grandes agences, Standard

Après l’avoir gratifié plusieurs années de la note AAA, assortie d’une perspective alternant entre stable et négative, l’agence DBRS a dégradé le pays en octobre 2020, sans que cela fasse ciller les marchés. Elle explique à cette époque que la pandémie « aggrave les défis de crédit existants de la France, notamment les dépenses structurellement élevées du secteur public et la dette ». Et souligne surtout que le pays est entré dans la crise « avec une situation budgétaire comparativement plus faible que la plupart de ses pairs notés AAA » et que « la France n’a pas été en mesure d’inverser la trajectoire de dette à la baisse ». La dette s’élevait alors à 1 800 milliards d’euros, soit 85 % du PIB. Elle est aujourd’hui de plus de 3 000 milliards d’euros et 111 % du PIB. Ce n’est rien de dire que la situation n’a cessé de se dégrader depuis. Alors même que plusieurs de nos voisins européens ayant traversé les mêmes crises que nous, comme la Grèce ou le Portugal, ont réussi à renverser la tendance.

Le verdict de DBRS donnera-t-il le ton de ceux de Fitch et Moody’s, escomptés, avec davantage de fébrilité, pour le 26 avril prochain ? En attendant, le gouvernement a enclenché un branle-bas de combat pour montrer qu’il prend désormais le sujet à bras-le-corps. Il y a trois semaines, Bercy a demandé aux ministères un effort sur les dépenses de 10 milliards d’euros dès cette année, puis de 20 milliards de plus l’an prochain. Il faut dire que, mardi matin, l’Insee va officialiser un sévère dérapage du déficit public en 2023. S’il va allègrement dépasser les 5 %, il était espéré un temps à 4,9 % au sein du gouvernement, qui n’a pas encore en sa possession le chiffre officiel – sachant que celui de 5,5 % est loin d’être exclu.

Le tout a été discuté avec les ministres concernés et les membres de la majorité mercredi soir à l’Élysée autour d’Emmanuel Macron. Chacun sait que la séquence à venir ne va pas être de tout repos. Bercy va devoir ajuster son programme de stabilité, lequel doit être envoyé à Bruxelles avant fin avril – tenant compte du non-respect des engagements pris l’an dernier, qui l’éloignent encore de la cible des 3 % de déficit public. Une fois que la Commission européenne se sera penchée sur la situation de l’ensemble des pays, elle déclenchera alors ses procédures pour déficit excessif, à laquelle la France ne pourra pas échapper.