L’ambiance était tendue ce jeudi à l’Assemblée nationale, alors que Rachida Dati était interrogée sous serment sur ses potentiels liens avec le milliardaire et propriétaire du groupe Canal , Vincent Bolloré, par la Commission d’enquête parlementaire sur les attributions de fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT). La ministre de la Culture s’est emportée contre le rapporteur, le député insoumis Aurélien Saintoul, jugeant ses questions inacceptables.
Cette audition intervient quelques semaines après le lancement par l’Arcom, le régulateur des médias, du processus de renouvellement des 15 fréquences TNT, afin de déterminer quelles chaînes auront le droit d’émettre en France en 2025. Plusieurs personnes ont déjà été interrogées dans le cadre de cette procédure, telles que Vincent Bolloré ou encore Cyril Hanouna. C8 et CNews, contrôlés par Vincent Bolloré, ne sont peut-être pas certains de garder leur fréquence, au vu des nombreux rappels à l’ordre du régulateur.
Après que l’élu insoumis l’a questionnée à plusieurs reprises sur sa potentielle «connaissance de la rencontre entre Emmanuel Macron et Vincent Bolloré en septembre dernier», Rachida Dati a d’abord répondu sèchement qu’elle n’était pas ministre de la Culture à ce moment-là. Avant de répondre plus précisément, face à la pression de Saintoul, qu’elle n’a «aucune connaissance des rencontres du président de la République avec les personnes qu’il souhaite rencontrer».
Mais le député des Hauts-de-Seine a insisté, lui demandant si elle estime qu’il existe un lien entre cette rencontre et sa nomination au gouvernement. «Ça devient très personnel», a-t-elle lancé au parlementaire, avant de prendre à témoin les députés. «Vous allez trop loin», a-t-elle continué. Les «questions qui soupçonnent des choses» ne sont pas «acceptables», selon elle.
«La croisade, les attaques, les collusions ou autres, je ne suis pas là pour répondre à ça», a martelé l’ancienne ministre de la Justice sous Nicolas Sarkozy. Avant cette séquence, Saintoul avait interrogé Dati sur sa «croisade anti-woke», à la suite de ses propos tenus le 6 février dernier à CNews-Europe 1, alors que ces médias sont passés sous le contrôle de Vincent Bolloré. Ce jour-là, la ministre avait déclaré que le wokisme était «devenu une politique de censure» .
«Vous mettez en cause ma légitimité, ma capacité, ma compétence ?», a poursuivi Dati. «Je serais l’objet d’un contrat entre deux hommes pour que je puisse exercer une fonction ?», a-t-elle encore questionné, avant de conclure: «J’ai fait mes preuves politiquement, j’ai une légitimité. Vous souhaitez la mettre en cause depuis le début de cette audition. Je n’accepte pas».