Envoyé spécial à Lyon

Samedi soir au Groupama Stadium. L’écran géant affiche la 61e minute de jeu, moment choisi par Didier Deschamps pour opérer ses premiers changements. Marcus Thuram court vers le bord de touche, sous les sifflets du public, remplacé par Olivier Giroud, acclamé dès son entrée en jeu. Cocasse pour le « rival » de l’idole du coin qu’est Karim Benzema. La différence de traitement est palpable, réelle. Les supporters de l’équipe de France ne s’y trompent pas : le Milanais a raté son rendez-vous lyonnais. Il avait pourtant une occasion rêvée de marquer des points en vue de l’Euro, d’envoyer un message fort à son coach et ses partenaires dans la concurrence féroce qu’il livre avec le meilleur buteur de l’histoire des Bleus et Randal Kolo Muani pour la place de numéro 9. Mais le fils de Lilian qui assurait cette semaine être «dans la meilleure période» de sa carrière s’est manqué dans les grandes largeurs.

À lire aussiFrance-Allemagne : une défaite indigne de vice-champions du monde

Attention, si Marcus Thuram (26 ans) n’a pas été au niveau attendu, c’est l’ensemble du collectif français, orphelin d’Antoine Griezmann, qui a vacillé samedi soir, sauf peut-être Ousmane Dembélé. Pour le reste, tous les internationaux ont été secoués par des Allemands bien plus conquérants et sûrs de leur force. Mais en football, et encore plus en équipe de France, les attentes sont grandes. Immenses. L’attaquant de l’Inter Milan le sait et sauf surprise, mardi soir il regardera du banc de touche la rencontre face au Chili. Didier Deschamps devrait lui préférer Olivier Giroud, entré en seconde période et qui aura été un peu plus en vue, avec notamment une frappe en fin de match, sur la pelouse du Groupama Stadium.

Thuram court toujours après son match référence en équipe de France

Avec 17 sélections (seulement 4 fois titulaire) et deux petits buts à son compteur, Marcus Thuram a pour le moment montré bien trop peu pour espérer figurer à la pointe de la sélection à l’Euro (14 juin-14 juillet). S’il est loin d’être condamné, sa prestation calamiteuse contre l’Allemagne aura été observée par le sélectionneur et son staff. Plus à l’aise dans une attaque à deux, comme à l’Inter Milan avec Lautaro Martinez, l’ancien Guingampais n’a jamais été en mesure de se montrer sous son meilleur jour samedi soir.

Emprunté, peu disponible en point d’appui, inexistant dans la surface de réparation et imprécis sur la seule frappe, du gauche, qu’il a eu à se mettre sous la dent, Thuram a semblé montrer ses limites du moment. Un vrai calvaire alors même qu’il ne cesse de dire être à disposition de la sélection, quel que soit le poste même s’il a une préférence pour être en pointe, en numéro 9. «Qui suis-je pour demander à jouer ici ou là en équipe de France ? Là où j’ai le plus progressé à ce poste, c’est dans la relation tactique avec les autres, notamment parce que j’ai joué en étant la seule pointe la saison passée. J’en parle souvent avec Kylian (Mbappé), notamment depuis qu’on est jeune, et il me disait que je finirais avant-centre. Aujourd’hui, je suis fixé à ce poste et je m’y plais très bien», expliquait-il avant le rendez-vous lyonnais.

21 ballons touchés, une frappe seulement et l’impression générale d’un rendez-vous manqué qui se confirme. Au-delà des statistiques, Marcus Thuram, brillant avec l’Inter Milan, n’a jamais donné l’impression d’être une solution pour ses partenaires. Trop esseulé, pas assez présent dans le jeu de remise et auteur de mauvais appels pour au final une copie qui ne permet pas au sélectionneur d’avancer dans sa réflexion au poste de numéro 9 des vice-champions du monde. Peut-être que si, au final avec Thuram jugé trop juste et plus précieux en sortie de banc. L’avenir confirmera ou non cette hypothèse. Une chose est certaine, le natif de Parme court toujours après son match référence en équipe de France.