Dans un contexte économique marqué par l’inflation, « les consommateurs ont eu tendance à délaisser l’électroménager, mais également les produits électroniques », affirme Enrique Martinez, directeur général du groupe Fnac Darty sur le plateau d’« Esprit d’entreprise », l’émission économique de la chaîne Le Figaro TV Île-de-France. Outre la conjoncture, il faut rappeler que de nombreux foyers s’étaient suréquipés au moment de la crise sanitaire et de l’essor du télétravail ». En revanche, la Fnac connaît une bonne dynamique avec ses rayons consacrés à la culture, « les livres, les mangas mais aussi la billetterie, qui se sont affirmés comme des marchés refuges ». En France, elle est le plus gros vendeur de livres, avec 17 % de part de marché. Année après année, l’enseigne affronte la dématérialisation de nombreux produits comme les DVD et les CD, qui restent au cœur de ses magasins.
« On ne les abandonne pas, car il y a toujours des clients qui ne veulent pas aller vers le digital. C’est également l’opportunité pour nous de rendre ces produits collectors, avec des éditions spéciales de séries ou d’albums, affirme le dirigeant. L’essor fulgurant du vinyle depuis quatre ans prouve également que des tendances peuvent refaire surface. » Numéro deux de l’e-commerce en France, Fnac Darty s’est souvent vu prêter un appétit pour CDiscount, dans le giron du groupe Casino. « On ne s’est jamais prononcé, rappelle Enrique Martinez. Beaucoup d’opportunités pourraient nous intéresser sur le marché, nous n’excluons rien, mais nous ne confirmons surtout pas. » Son groupe est attentif à la consolidation du marché de la distribution qui s’accélère au niveau mondial.
« Face à des grands acteurs capables de délivrer de fortes synergies industrielles, le rapprochement de la Fnac et de Darty opéré il y a huit ans nous a permis d’avoir une taille critique pour continuer à nous développer mais également à traverser des mauvaises périodes inattendues comme la pandémie », explique le dirigeant. Il regarde les opportunités à l’échelle européenne, après avoir récemment conclu des partenariats en Suisse ou fait l’acquisition au Portugal de MediaMarkt. Il y a quelques jours, le groupe coté en Bourse à Paris voyait son premier actionnaire, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (propriétaire en France du groupe d’édition Editis, du groupe de presse CMI, plus récemment de Casino), monter à 29 % de son capital, en dessous du seuil réglementaire avant une OPA.
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« Daniel Kretinsky a le talent d’investir dans des industries – comme le retail – sur le continent européen, au moment où personne ne s’y intéresse, glisse Enrique Martinez. Il n’a pas fait le choix pour le moment d’avoir une place au conseil de Fnac Darty, et n’est pas impliqué au quotidien dans la stratégie du groupe. » « Les structures qui sont en place aujourd’hui me conviennent parfaitement, la Bourse nous permet d’avoir une exposition aux marchés et de lever des capitaux pour le développement d’activités », abonde le dirigeant. Pour Fnac Darty, qui inventait il y a déjà vingt-ans son célèbre contrat de confiance, l’avenir est à la réparabilité et au recyclage des objets. Désormais, 2 500 techniciens du groupe se déplacent 1 million de fois par an à domicile. La réparation dégage aujourd’hui 120 millions d’euros de volume d’affaires, en progression de 30 % chaque année.