Ce n’est pas tout à fait faire table rase du passé mais cela y ressemble quand même un peu de l’extérieur. Peugeot a dévoilé ce lundi la nouvelle version de la 9X8 qui, contrairement à sa surprenante et innovante devancière, sera équipée cette fois d’un imposant aileron, comme l’ensemble de la concurrence. Un bolide qui doit permettre aux équipes du Lion de faire un bond en avant en termes de performance après une saison 2023 très décevante au niveau des résultats : une 5e place au Championnat du monde et un petit podium seulement, obtenu à Monza.

« On a commencé à travailler sur cette nouvelle voiture au mois de mars 2023. Les 1000 Miles de Sebring ont été un élément déclencheur car on était loin de ce qu’on pensait en termes de performances», a révélé au Figaro Olivier Jansonnie, le directeur technique de Peugeot Sport à propos d’une 9X8 en souffrance dès que les circuits étaient bosselés, plus à l’aise lorsque la piste était lisse. «On ne repart pas de zéro car tout le châssis a été conservé même si, en superposant les deux voitures, 95% de la surface est différente», glisse le dirigeant.

Au-delà de l’aileron arrière, qui effectue son retour et qui a obligé les ingénieurs à revoir en profondeur la répartition des masses en déplaçant du poids à l’arrière, la 9X8 version 2024 a aussi changé de pneumatiques (abandon de la monte de pneumatiques au carré 31/31cm, pour des gommes de 29cm de dimension à l’avant et de 34cm à l’arrière.) Deux éléments déterminants pour la performance de la voiture qui manquait cruellement de vitesse de pointe et de motricité en sortie de virage et dans les courbes lentes notamment.

Les équipes de Peugeot ont déjà effectué deux longues séances d’essais avec la nouvelle version. Avec quels résultats ? «Il est encore trop tôt pour le dire. Il y a la performance brute sur un tour et celle en condition de course, mais on connaît les écarts avec la concurrence. Il y a un gap très important à combler mais on sait qu’on va en rattraper une partie. À quelle hauteur ? On verra», explique Jansonnie.

Interrogé par le Figaro, Jean-Eric Vergne a qualifié ses premières impressions au volant de «bonnes» mais l’ancien pilote de Formule 1 veut rester prudent. «Rouler tout seul sur un circuit n’a rien à voir avec les week-ends de compétition, prévient-il avant d’ajouter, Tout le monde attend beaucoup de cette voiture. Les deux saisons passées ont été difficiles avec la 9X8 et c’est la raison pour laquelle cette nouvelle version arrive. Et comme on fait toujours quelque chose de nouveau pour faire mieux…»

Les deux nouvelles 9X8 se frotteront à la concurrence aux Six heures d’Imola le 21 avril avant de poursuivre leur mise au point le 11 mai à Spa Francorchamps, en Belgique. Deux rendez-vous avant le juge de paix de la saison, les 24 Heures du Mans (15 et 16 juin). L’équipe sera-t-elle prête pour l’épreuve sarthoise avec seulement deux courses dans les moteurs ? «On ne pourra pas répondre à cette question avant Imola et probablement Spa, voire même avant les premiers essais aux 24 Heures du Mans car le profil de ce circuit est totalement à part», éclaire Jansonnie.

Après une saison décevante, Peugeot n’aura pas le droit à l’échec face à une concurrence féroce, Ferrari, Toyota en tête, et désormais l’écurie Porsche, impressionnante lors de la manche d’ouverture au Qatar. Une nouvelle saison blanche pourrait compromettre l’engagement de la marque dans le Championnat du monde en pleine renaissance. «Ce n’est pas une discussion qu’on a eue (avec la direction, NDLR). Il n’y a aucune indication sur ce genre de choses. L’équipe est très motivée pour mieux faire et on se sent tout à fait capables d’y arriver», confie Jansonnie qui veut, au contraire, croire que ce nouvel investissement est la preuve d’une implication forte de la marque dans la discipline.

«Cela coûte de l’argent de développer une voiture , surtout à ce niveau-là… Mais ce qui est important c’est de souligner que Peugeot montre qu’il veut se battre au plus haut niveau et non pas se contenter de places en fin de classement en profitant d’un BoP favorable (ajustement du poids et de l’énergie allouée sur un relais des voitures jugées trop rapides pour resserrer les performances dans une fenêtre, NDLR) ou des coups sur quelques courses.»