Un dérapage incontrôlé ? Après l’annonce du déficit public, évalué à 5,5% du PIB en 2023 contre 4,9% initialement attendus par le gouvernement, le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici a lui parlé d’un dérapage «important» et «très, très rare». «Je ne suis plus surpris, on supputait ce chiffre depuis quelques jours, mais c’est tout de même un dérapage dans l’exécution qui est important, pas tout à fait inédit mais très, très rare», a-t-il estimé sur France Inter. «Le 4,9% n’était déjà pas une performance, puisque le déficit de 2022 était à 4,8%», a développé l’ancien ministre de l’Économie et des Finances.

Par rapport au déficit de 2022, avec la prévision de 4,9% pour 2023, «on avait déjà une année blanche, et là on a une année pire» avec 5,5%, a déploré Pierre Moscovici, jugeant que ce dérapage plaçait la France dans une «situation fâcheuse». Le président de l’organisme de contrôle a cependant jugé qu’il n’y avait pas eu d’«insincérité» dans les prévisions de déficit du gouvernement, «au sens où il n’y a pas de volonté de tromper» de la part de l’exécutif. Mais «le gouvernement a été optimiste. Pour 2023, on n’a pas vu venir le fait qu’au bout d’un moment les recettes finiraient par se tasser», a ajouté Pierre Moscovici.

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«Nous sommes dans une posture qui nous oblige à revoir notre trajectoire et à dire la vérité aux Français sur nos dépenses publiques», a réclamé le premier président de la Cour des comptes. Alors que le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a réaffirmé mardi son intention de ramener le déficit sous l’objectif européen des 3% d’ici 2027,Pierre Moscovici a jugé cet objectif «atteignable, mais tendu».