Après sa victoire au tournoi de Paris en février, Teddy Riner reprend la compétition à Antalya. Quel est l’objectif dimanche ?Franck Chambily : Gagner, bien sûr, mais l’objectif est de voir où il en est sur la préparation, son état de forme. Voir ce qu’on a mis en place d’un point de vue technico-tactique, revoir son efficacité en judo, c’est ça qui est important. Teddy on l’attend aux Jeux, on ne l’attend pas sur ces tournois. Ce sont des points d’étape.

Le but est aussi de marquer des points pour arriver tête de série aux Jeux…Oui c’est un objectif. Teddy a toujours été tête de série hormis à Tokyo (médaillé de bronze, NDLR) et c’est quand même plus confortable, d’avoir peut-être un tour d’avance et un tirage un peu plus complaisant sur les premiers tours. Aujourd’hui il n’est pas dans les huit. Mais s’il gagne dimanche ça l’amènerait directement dans les quatre premiers. Après, il restera deux Grands Chelems et les Championnats du monde (19-24 mai à Abou Dhabi, NDLR).

Il pourrait s’aligner sur les Mondiaux même deux mois avant les JO ?Oui pourquoi pas, on ne s’interdit rien. Ce n’est pas acté mais ça reste dans les tuyaux. Ça peut être un objectif fort, notamment pour s’assurer d’être tête de série. On fera un état des lieux après Antalya. On fait un dernier stage au Japon du 21 avril au 4 mai, et en revenant il restera le Grand Chelem au Kazakhstan ou les Championnats du monde, donc on aura le temps de voir où Teddy se situe et l’option qu’on prendra.

La majorité des meilleurs lourds actuellement sont gauchers. On dit souvent que les affronter est plus difficile pour Riner, est-ce une réalité ?Ça a été vrai, ça l’est un peu moins. Avant dans le panel du judo international il y avait très peu de gauchers, et maintenant la tendance s’est inversée. Les tout meilleurs sont gauchers. Donc on a travaillé beaucoup. Malheureusement en France on n’en a pas beaucoup, donc on va en chercher à l’étranger. On cherche une diversité de partenaires, d’autres horizons, pour casser la routine de l’Insep.

À l’image des judokas, le judo en général a évolué. Qu’avez-vous mis en place pour rester au plus haut niveau aussi longtemps et en vue des JO ?Jusqu’à aujourd’hui on a vu qu’il s’est adapté, mais ça reste poussif, et aux Jeux il faut toujours prévoir ce qu’il y a de plus dur. Il n’y a pas que le mental et le physique et c’est là que j’essaie de travailler. On le sait, Teddy c’est un gros mental, un gros physique, mais ce n’est pas que ça, il est capable de faire du judo. Par contre, il fallait changer des choses dans son judo, pour masquer un petit peu, pour garder l’efficacité qu’il avait à son top niveau, autour de 2012. Teddy avait tendance à faire de grosses attaques en direct et ça, ça a beaucoup évolué. Il faut tout mettre à la sauce 2024.

Pour aller décrocher ce troisième titre en individuel, quelle est sa plus grande force ?C’est un sport de combat donc bien sûr il y a les arguments physiques, mais je dirais que le point fort de Teddy, c’est son mental. C’est son plus gros atout. Il l’a prouvé aux derniers Mondiaux, il fait six combats dont trois golden score, en huitième, quart et finale. Ça lui a coûté mais il a gagné. Même moi il m’a encore impressionné, il me surprend encore. Mais si on peut éviter ça aux Jeux ça serait bien ! Parce qu’en bout de course, en finale olympique, ça se joue à des détails.

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