C’est officiel : le passe rail verra finalement bien le jour. Après avoir expliqué mercredi matin qu’il n’y aurait «pas de passe rail cet été», le ministre délégué chargé des Transports Patrice Vergriete a annoncé en fin de journée qu’un accord avait été trouvé in extremis pour donner vie à ce projet qui sera, dans un premier temps, expérimenté pour une durée de deux mois, en juillet et août, et seulement accessible aux jeunes de moins de 27 ans.

Le 4 septembre dernier, le président de la République Emmanuel Macron s’était dit «favorable» à l’instauration d’un forfait mensuel ouvert à tous pour voyager partout en France grâce aux trains régionaux et aux liaisons Intercités. Porté par l’ancien ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune, le projet s’inspirait du forfait existant en Allemagne, à 49 euros par mois, mais ne pouvait être mis en place par l’État seul dans la mesure où il implique avant tout les régions qui financent les trains régionaux et décident des tarifs. L’initiative avait donc déjà été revue à la baisse. Le départ de Clément Beaune et l’arrivée de Patrice Vergriete aux Transports lors du remaniement avaient acté la réduction du passe rail «aux moins de 27 ans» et «pour la seule saison estivale». Mais quelle forme va prendre cette version réduite ? Le Figaro fait le point.

Seuls les jeunes de moins de 27 ans pourront avoir accès à cette offre. Pour en bénéficier, ces derniers pourront acquérir le passe rail sur le site de la SNCF pour le mois de juillet ou pour le mois d’août, ou pour les deux mois consécutifs, selon le choix de l’intéressé. «La commercialisation sera lancée à partir de la mi-juin», a précisé le ministère chargé des Transports, qui explique ne pas encore être en mesure «de communiquer les détails précis» de cette mise en vente. «Nous avons d’abord géré l’accord des régions, et la faisabilité du projet (…) nous allons entrer dans la phase opérationnelle, afin de décider des modalités et être fin prêts pour la mi-juin», poursuit l’entourage du ministre chargé des Transports.

Comme en Allemagne, le passe rail sera vendu au prix de 49 euros par mois, et donnera accès à l’ensemble des trains TER et Intercités, excepté ceux circulant sur le réseau opéré par Île-de-France Mobilités (IDFM). L’intégration dans le dispositif de la région francilienne et de son système de forfait Navigo «un peu complexe» s’avère en effet impossible dès cette année, a de fait reconnu Patrice Vergriete. «Pour aboutir à cet accord, le gouvernement s’est montré disposé à prendre en charge environ 80% du coût du dispositif, tel qu’évalué par la SNCF», a précisé le ministère chargé des Transports, expliquant que cela revient non seulement à prendre en charge «la part du coût revenant aux Intercités, «mais aussi environ 50% du coût de la mesure estimé pour les TER».

Sauf contre-indication, toutes les destinations desservies par les TER et les Intercités – c’est-à-dire 135 destinations françaises – pourront être accessibles avec ce passe rail. Avec des lignes aussi emblématiques que «Bordeaux – Toulouse – Marseille», «Paris – Clermont-Ferrand» ou encore «Paris – Orléans – Limoges – Toulouse». Les trains de nuit Intercités seront aussi concernés, à l’instar du «Paris – Toulouse», «Paris – Tarbes» ou encore «Paris – Nice».

Seul bémol pointé du doigt par le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand : il demeure «des injustices». Dans la mesure, selon l’élu, où l’Île-de-France n’est pas concernée, et que «les jeunes des Hauts-de-France seront pénalisés» s’ils veulent s’y rendre ou la traverser.

Une injustice que balaie le ministère : le passe rail est un «passe illimité» avec lequel «il sera possible de prendre tous les TER et Intercités, y compris ceux qui partent et arrivent de Paris». Concrètement, il sera donc possible de prendre un Intercités pour la Normandie depuis la gare Saint-Lazare par exemple.

«Il y a en effet une spécificité pour le réseau Transilien, qui ne fera pas partie du dispositif car n’est pas accessible sur la même plateforme que les autres trains TER et Intercités (…) ce serait beaucoup trop compliqué de le mettre en place dès cet été», confirme le cabinet du ministre.

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Un passe rail estival uniquement réservé aux jeunes a déjà existé en France en 2020 et 2021, mis en place après le Covid. À l’époque, il concernait déjà les moins de 27 ans qui, pour 29 euros par mois, pouvaient emprunter n’importe quel TER partout en France – sauf en Île-de-France -, mais pas les Intercités.

À cette heure, nul ne sait si le passe rail pourra être étendu à tous, et en dehors des seuls mois d’été. À ce sujet, le ministère chargé des Transports a tout de même assuré que «dans le prolongement de cette première étape et sous réserve du bilan qui en sera tiré», l’État était «prêt à examiner une extension du dispositif à l’Île-de-France l’an prochain, en lien avec Île-de-France Mobilités».

«L’objectif, c’est de monter en puissance à la fois sur la durée et sur le nombre de régions concernées», conclut l’entourage du ministre, espérant «qu’en 2025, il sera possible d’intégrer l’Île-de-France». Et de lancer : «On verra tout ça au moment où on fera le bilan, en septembre».