Des bactéries, des micropolluants et des contrôles insuffisants : la qualité sanitaire des eaux du groupe Nestlé (propriétaire des marques Contrex, Hépar, Perrier ou Vittel, n’est pas garantie, selon une note de l’Anses remise au ministère de la Santé en octobre dernier et révélée ce jeudi 4 avril par Franceinfo et Le Monde . L’analyse, conduite par le laboratoire d’hydrologie de Nancy à la demande des ARS Grand Est et Occitanie, où sont situées des sources et points de captage de Nestlé, a relevé «un niveau de confiance insuffisant concernant l’évaluation de la qualité des ressources notamment en ce qui concerne la variabilité des contaminations et leur vulnérabilité microbiologique et chimique».
Les experts évoquent de «multiples constats de contaminations d’origine fécale», avec des bactéries coliformes, Escherichia coli ou entérocoques dans les eaux brutes, mais aussi la «présence chronique notable de micropolluants». Ils ont notamment trouvé dans ces eaux en bouteille des PFAS, dits «polluants éternels», qui dépassaient sur certaines sources le seuil de 0,1 microgramme par litre autorisé pour l’eau minérale naturelle.
Le laboratoire précise dans son rapport n’avoir eu accès, pour mener à bien sa mission, qu’à des informations «tronquées et parcellaires». Les conclusions de l’Anses sont toutefois sans appel : les sources contaminées ne devraient plus être exploitées pour produire de l’eau en bouteille. L’agence recommande la mise en place d’un «plan de surveillance renforcé», avec une vigilance accrue sur le «risque sanitaire virologique».
«Les bouteilles d’eaux de Nestlé doivent être rappelées et les autres États membres de l’Union européenne informés de toute urgence», a estimé l’association Foodwatch dans un communiqué publié à la suite de ces révélations. Et de s’interroger sur le silence du gouvernement depuis la remise du rapport : «Pourquoi ces alertes de l’Anses ont-elles été ignorées par les autorités françaises depuis octobre dernier ?».
De son côté, Nestlé n’a pas réagi. Le groupe avait reconnu début janvier avoir eu recours à des traitements interdits sur ses eaux minérales pour «garantir la sécurité alimentaire». L’entreprise assurait avoir informé dès 2021 les autorités sanitaires de leur recours à ces techniques de filtration. Certaines d’entre elles, comme les ultraviolets et le charbon actif, pouvant être assimilées à de la désinfection, formellement interdite pour de l’eau minérale naturelle, avaient été arrêtées, mais Nestlé avait continué la microfiltration. Plusieurs puits, notamment dans les Vosges, avaient toutefois dû être fermés.