Le ministre de l’Économie n’a pas mâché ses mots face à la presse ce jeudi. En amont d’un réunion prévue lundi à Paris sur la politique industrielle européenne, avec ses homologues allemand et italien, Robert Habeck et Adolfo Urso, Bruno Le Maire a assuré que «le temps de la mondialisation heureuse (était) fini» . Il faut désormais «montrer les dents» pour protéger les intérêts économiques de l’Europe, a-t-il insisté. Deux premières trilatérales, en juin et octobre, à Berlin puis Rome, avaient été consacrées à l’approvisionnement de l’UE en matières premières critiques puis à l’intelligence artificielle. Celle de lundi est «majeure», selon Bruno Le Maire, car, juste avant les élections européennes, elle est «le moment d’affirmer un certain nombre d’ambitions des trois premières économies européennes devant la nouvelle Commission et devant le nouveau Parlement européen».
Les PIB réunis des trois pays représentent plus de 50% du PIB total de l’UE. «Il faut être capable d’innover, d’investir, de maîtriser les nouvelles technologies, mais aussi montrer les dents face à des adversaires économiques (notamment la Chine et les États-Unis, ndlr) qui ne nous feront au XXIe siècle absolument aucun cadeau», a estimé le ministre. Pour lui, «le temps de la mondialisation heureuse est fini», au profit d’une «mondialisation de rivalité». Parmi les chantiers discutés lundi figurent le renforcement de l’indépendance énergétique de l’Europe et la simplification administrative.
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Bruno Le Maire compte proposer à la nouvelle Commission une directive pour simplifier les normes européennes. Alors que l’UE connaît un déficit commercial de 200 milliards d’euros avec la Chine, Bruno Le Maire veut discuter, malgré «les réticences allemandes sur ce sujet» d’un «rééquilibrage des règles environnementales» de production, bien plus strictes en UE qu’en Chine. Cela n’empêche pas la France de souhaiter que la Chine «reste un partenaire commercial majeur», selon Bercy.
Le ministère a souligné aussi que les deux autres ministres «partagent totalement» le constat général d’urgence dressé par Bruno Le Maire. Parmi les mesures de simplification, Bruno Le Maire veut proposer la remontée de 250 à 500 du seuil de salariés des entreprises concernées par certaines obligations comptables, financières ou sociales imposées aux PME par l’UE, a-t-on indiqué de même source. Deux directives récentes jugées très lourdes par les PME, la CSRD (reporting extra-financier) et la CS3D (devoir de vigilance), présentent actuellement ce seuil de 250 salariés. La rencontre, lundi, s’achèvera par une conférence de presse commune à 14H00.