Raphaël Glucksmann veut garder la tête froide. À deux mois des élections européennes, le chef de file des socialistes conserve son statut de troisième homme du scrutin, et pourrait même talonner le camp présidentiel. Dans un sondage Elabe pour La Tribune du Dimanche et BFM TV, publié ce dimanche, la liste PS-Place Publique atteint même 12% des intentions de vote et réduit un peu plus l’écart avec Renaissance et ses alliés (16,5%).

«Cette dynamique, on la ressent partout. Partout, il y avait la même attente et le même enthousiasme. Le fait qu’on parle d’Europe, et qu’on ait un cap clair, ça suscite une forme d’entrain», a-t-il assuré, invité ce dimanche du «Grand Jury-RTL-Le Figaro-M6-Paris Première». Avant de s’interrompre, un sourire satisfait aux lèvres : «Après, c’est encore fragile. J’essaie toujours de modérer les ambitions et les enthousiasmes. On n’est qu’au début.»

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«Vous pouvez voter sans sacrifier la moindre partie de vous-même», a-t-il lancé aux sympathisants de gauche, qui avaient pour beaucoup choisi Jean-Luc Mélenchon lors de la dernière élection présidentielle. Ce, alors que la liste LFI emmenée par Manon Aubry ne recueille qu’entre 6% et 7,5% des intentions de vote, au coude-à-coude avec les écologistes.

Alors qu’un bon score des socialistes pourrait faire basculer le rapport de force à gauche avant 2027, les Insoumis multiplient les piques à l’encontre de Raphaël Glucksmann. «Mon problème n’est pas Jean-Luc Mélenchon, je remarque qu’il parle beaucoup de moi. Nos divergences, je les assume», s’est agacé l’intéressé.

Notamment lorsque le triple candidat à la présidentielle l’a accusé sur France 3 de «déshumaniser les Palestiniens» en refusant de qualifier de «génocide» la situation à Gaza. «Je ne vais pas perdre mon temps sur ces critiques de LFI, a répliqué le porte-drapeau des socialistes. Nous n’avons pas bégayé pour condamner l’attaque terroriste ignoble du 7 octobre et qualifier le Hamas d’organisation terroriste. Nous n’avons pas bégayé pour condamner la réduction en cendres de la bande de Gaza.»

Dépeint comme un candidat des villes par ses adversaires, l’essayiste a par ailleurs tenté de défaire tout procès en «déconnexion» : «Notre campagne a lieu dans les usines que ce soit en Lorraine ou en Normandie. On ne va pas simplement dans les centres-villes.»

Il n’empêche, Raphaël Glucksmann reconnaît «la faute de la gauche» qui a perdu pied dans les campagnes comme dans les classes moyennes et populaires. «Ça doit nous empêcher de dormir, ça doit nous prendre aux tripes (…) Ça me travaille tout le temps de voir dans les sondages que les ouvriers s’abstiennent ou votent Rassemblement national», s’est-il indigné.

Face au succès de la liste de Jordan Bardella, qui continue de caracoler à 30% dans les sondages, Raphaël Glucksmann a pointé du doigt un «échec collectif, d’abord du gouvernement et d’Emmanuel Macron lui-même qui avait promis de supprimer toutes les raisons du vote RN».

«Ce n’est pas un vote anodin. Le RN a pris le parti depuis plus dix ans de la tyrannie étrangère de Vladimir Poutine», a tonné celui qui porte une ligne pro ukrainienne et européenne. Et de décocher une dernière flèche : «Ces gens-là sont des patriotes de pacotille. Ils sont en réalité des idéologues qui servent des intérêts étrangers.»