À la veille des Jeux olympiques, un poisson carnassier dévore les baigneurs du fleuve parisien. Une scientifique, jouée par Bérénice Bejo, va alors mettre en garde les autorités contre ce dangereux prédateur qui, plus encore que la bactérie Escherichia coli, menace de gâcher la fête. Présentée au Festival de Gérardmer, la production française fait partie des gros projets attendus sur Netflix cet été mais elle est au cœur d’une polémique.
Le réalisateur Vincent Dietschy estime que le film ressemble fortement à son projet Silure qu’il prépare depuis plus de dix ans. Mécontent, ce dernier a donc saisi la justice. Un coup d’épée dans l’eau pour Netflix qui vient d’annoncer la date de sortie de son film.
Auteur de moyens-métrages et longs-métrages, Vincent Dietschy a assigné en justice les producteurs de Sous la Seine, Édouard Duprey et Sébastien Aucher, le dirigeant de l’agence artistique Adéquat Laurent Grégoire, et a également engagé une procédure en référé contre Netflix pour empêcher la diffusion de leur production cet été. En tout cas pas avant que l’affaire soit jugée sur le fond.
De son côté, le géant du streaming joue la sourde oreille. Pis, il semble ne pas tenir compte de cette procédure et dévoile mardi 9 avril la bande d’annonce du film de Xavier Gens sur son compte X. La date de sortie est prévue le 5 juin 2024. Soit à trois semaines de l’ouverture des JO. Il pourrait bien donner quelques sueurs froides aux athlètes olympiques qui s’apprêtent à nager dans la Seine, notamment lors de l’épreuve du triathlon.
Ladite procédure juridique qui débutera le 22 avril déterminera si la sortie du film a bien lieu d’être au vu des accusations portées par Vincent Dietschy.
Le Monde a mis la main sur le scénario de Silure que prépare Vincent Dietschy depuis plus de dix ans. Son pitch ? «Une jeune femme policière, plongeuse à la brigade fluviale de Paris, se trouve confrontée à un phénomène naturel inédit, incarné par un gigantesque silure, terriblement agressif, et tueur d’êtres humains. Tandis que le monstre sème la panique dans la capitale, menaçant la politique du maire à quelques jours du choix de la ville qui organisera les Jeux olympiques, l’héroïne se retrouve en première ligne pour affronter cette figure du mal d’un genre nouveau. Aidée dans son combat par un jeune ichtyologue du CNRS, elle se rapproche dans le même temps de son supérieur hiérarchique, le commandant.» Vincent Dietschy a déposé un dossier au Centre national du cinéma et de l’image animée pour une demande d’aide à l’écriture, le 3 février 2014. Après avoir travaillé pendant un an sur le scénario de Silure, avec la journaliste indépendante Emily Barnett, il ne va cesser ensuite de le reprendre, et cherchera en vain des financements.
En 2022, lorsqu’il apprend que Netflix a démarré la production de Sous la Seine, le réalisateur lit le résumé du film sur internet et ne peut que voir la ressemblance avec celui de Silure : «Été 2024, Paris accueille pour la première fois les championnats du monde de triathlon sur la Seine. Sophia, brillante scientifique, est alertée par Mika, une jeune activiste dévouée à l’écologie, de la présence d’un grand requin dans les profondeurs du fleuve. Elles n’ont d’autre choix que de faire équipe avec Adil, commandant de la police fluviale, pour éviter un bain de sang au cœur de la ville.»
Comme le rapporte Le Monde , en droit il est possible de déposer un scénario mais pas une idée. Vincent Dietschy a alors décidé de poursuivre les initiateurs de Sous la Seine pour concurrence déloyale. Le réalisateur ne croît pas à une concomitance des idées. Il soupçonne notamment le patron de l’agence Adéquat, Laurent Grégoire, avec qui il avait discuté pendant plusieurs semaines du financement du film avant le Festival international du film de comédie à l’Alpe-d’Huez. C’est cette même année que Sébastien Auscher et Édouard Duprey ont lancé la préparation de Sous la Seine. Interrogé par Le Monde, Édouard Duprey affirme n’avoir jamais entendu parler du projet Silure.