En quête d’or… européen. Après avoir terminé sur la deuxième marche du podium continental en 2022 et 2023, le double mixte constitué de Delphine Delrue et Thom Gicquel ambitionne cette fois de décrocher le titre à Sarrebrück (Allemagne). Ce qui confirmerait leur retour au premier plan après un passage difficile. Surtout, un premier grand titre gonflerait leur confiance à trois mois et demi du début des Jeux olympiques à Paris où le duo constituera la meilleure chance de médaille pour la France.
Quel regard portez-vous sur votre début d’année ? Thom Gicquel : Le mois de janvier a été catastrophique, avec que des défaites, ce qui était très décevant. Depuis quelques semaines, cela va beaucoup mieux, notre niveau de jeu est meilleur. Nous avons fait un quart de finale à Paris et une demi-finale à Madrid, même si nous espérions faire mieux, notamment au All England où nous avons perdu le match un peu tout seuls (au 1er tour contre la paire malaisienne constituée de Kian Meng Tan et Pei Jing Lai). C’est dommage, mais globalement, nous sommes positifs car nous restons sur cette bonne semaine à Madrid, dans une salle qui va ressembler à celle des Championnats d’Europe.
Comment expliquez-vous justement ce «mois de janvier catastrophique» ? Et comment avez-vous fait pour rebondir ?T. G. : Je pense que la raison principale est liée au fait que nous nous soyons mal entraînés. Le mois de décembre n’a pas été bon et nous étions un peu livrés à nous-mêmes par manque de staff. Notre motivation était également un peu moins forte. Mais vraiment, je pense que le fait d’avoir été un peu délaissé ne nous a pas aidés. Là, cela va mieux car notre entraîneur danois, Kim Nielsen, est beaucoup plus présent, ce qui nous permet d’être plus confiants, de mieux travailler. Il a réussi à se libérer sur ces quelques mois avant les Jeux à Paris mais avant cela, la situation était très compliquée et souvent, nous nous retrouvions sans coach. Sinon, pour répondre à votre seconde question, pour rebondir, je pense que nous nous sommes essentiellement concentrés sur ce que nous devions faire, sur notre façon de jouer, sur le fait de prendre du plaisir à l’entraînement et en match.
Les doutes, est-ce facile de les écarter alors que se profilent des Jeux olympiques à la maison ?Delphine Delrue : Forcément, il y en a eu parce que ce n’était absolument le type de résultats auxquels nous étions habitués ces dernières années. Nous avons perdu un peu de confiance je pense, et du coup, nous travaillons davantage la préparation mentale pour faire le vide dans nos têtes au moment d’aborder un tournoi et être concentrés. Comme le disait Thom, depuis deux mois, nous nous sentons beaucoup mieux et nous devons être positifs. Cela ne sert à rien de ressasser nos résultats qui n’étaient pas bons il y a trois ou quatre mois.
Abordez-vous ces Championnats d’Europe avec pour seul objectif que celui de vous y imposer ?D.D. : On ne se dit jamais que l’on doit gagner telle ou telle compétition, même si c’est notre objectif que de tout mettre en œuvre pour y parvenir. Mais on ne voit pas cela comme une obligation. Sur ces Championnats d’Europe, nous restons sur deux défaites consécutives en finale en 2022 et 2023 et évidemment que cette année, nous aimerions monter sur la plus haute marche du podium et ramener l’or. Mais après on voit que les Néerlandais (Robin Tabeling et Selena Piek) sont actuellement très en forme et que la paire danoise (Mathias Christiansen et Alexandra Böje) demeure très solide et ch….. à jouer. Le niveau du double mixte en Europe est assez élevé et rien ne sera facile. Mais je pense que nous sommes sur une bonne dynamique avec cette demi-finale à Madrid qui nous a redonné confiance. Nous avons senti que nous étions revenus à un très bon niveau et qu’il nous restait juste quelques détails à peaufiner.
Avez-vous tiré des leçons de vos précédentes défaites en finale ?T. G. : Sur la dernière finale (contre les Néerlandais Tabieling et Piek), je pense que nous avons donné le maximum et c’était déjà bien d’y être (Delphine sourit et acquiesce). Et concernant la première, c’était il y a longtemps déjà. Je n’ai pas forcément de souvenir précis de celle-ci…
D. D. : C’était il y a deux ans et je pense que nous avions fait un très bon match, mais les Allemands (Mark Lamsfuss et Isabel Lohau) avaient été très forts sur les derniers points et il nous a manqué un peu de réussite. Mais j’estime que nous avions fait ce qu’il fallait. Et concernant celle de l’année dernière, nous étions trop loin, en termes de niveau, pour espérer gagner.
T. G. : Sur les derniers matches, sur chaque fin de set un peu chaude, nous n’avons pas été excellents et c’est une piste de progression, d’être peut-être plus simples et plus confiants en nous-mêmes sur ces points décisifs. Il faut qu’on soit prêt là-dessus à être très calme et à effectuer des choix forts pour que cela tourne en notre faveur et pas l’inverse.
On approche du J-100 (ce sera le 16 avril) avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. Cela change-t-il quelque chose dans votre approche ?D. D. : Cela va déjà nous permettre de rentrer dans du concret, en sachant qui est qualifié pour les Jeux. Nous allons commencer à rentrer dans une phase de préparation différente, avec moins de tournois et plus d’entraînements à l’Insep. Maintenant, dans notre esprit, ce J-100 ne change pas grand-chose. Nous restons focus sur ce que nous devons faire…
T. G. : (il coupe) Après le Championnat d’Europe, nous aurons quelques jours de pause, dix jours à peu près, et au retour, notre concentration sera à un niveau supérieur. J’ai hâte d’y être et d’être totalement concentré sur les Jeux.
100 jours, est-ce long ou court ?T. G. : (sans hésiter) C’est court. Pour la préparation en tout cas. D’autant plus que, comme je l’ai dit, nous avons mal joué en janvier et nous aurions aimé avoir un peu plus de temps pour se préparer. Mais en réalité, cette préparation finale va durer deux mois, et c’est déjà très bien, avec au milieu une tournée en Asie avec des tournois en Indonésie et à Singapour.
Vous avez été les premiers à atteindre le Top 10 mondial et sur certains gros tournois, vous étiez les seuls représentants français. Désormais, avec l’émergence des frères Popov et la progression du double dames Anne Tran-Margot Lambert, vous devez vous sentir moins seuls désormais…T. G. : Oui, cela fait un peu plus d’un an que c’est comme ça, et il y en a d’autres qui arrivent. C’est plus cool pour s’entraîner d’avoir un groupe France. Cela veut aussi dire que le niveau augmente et même si nous ne jouons pas dans la même catégorie, cela crée de l’émulation. Sans parler de l’engouement que cela peut engendrer auprès du grand public. Si plus de gens se mettent à nous suivre, ce n’est que du positif.