Un contrat à plus d’1,2 milliard de dollars qui dérange. Aux États-Unis, des dizaines de salariés de Google ont occupé durant plusieurs heures les bureaux de Google Cloud à New York et en Californie dans l’après-midi de mercredi. D’autres se sont également rassemblés devant les locaux du géant technologique à Seattle, New York et Sunnyvale (Californie). L’action visait à réclamer l’abrogation d’un contrat cloud noué avec l’Etat d’Israël nommé Nimbus, et partagé avec Amazon.

L’accord prévoit que les deux entreprises ne peuvent refuser l’usage de leurs services cloud à des branches spécifiques du gouvernement. Un élément à l’origine de l’ire des contestataires. Ces derniers craignent que la technologie de Google ne soit utilisée par l’armée israélienne alors que le pays continue son offensive sur la bande de Gaza, depuis l’attaque terroriste du Hamas sur son territoire le 7 octobre dernier.

Le magazine Time a aussi mis la main sur un document démontant que le ministère israélien de la Défense utilise les services de Google Cloud via le contrat Nimbus. Selon ce contrat non signé, l’armée demande à étendre ce partenariat. De quoi amplifier la colère des salariés pro-palestiniens du groupe tech. «Il est déplorable que Google ait vendu cette technologie au gouvernement et à l’armée israéliens et qu’il ait menti à ses employés à ce sujet», a témoigné au Washington Post Zelda Montes, un ingénieur logiciel chez YouTube (détenu par Google) et participant à l’action de mercredi.

En fin d’après-midi, neuf employés ont été arrêtés, rapporte le Washington Post. Des extraits d’un direct diffusé sur la plateforme Twitch, par le compte notech4apartheid, montrent des agents de la police new-yorkaise évacuer les manifestants. Ces derniers ont depuis été suspendus de leurs fonctions. «Le fait d’entraver physiquement le travail d’autres employés et de les empêcher d’accéder à nos installations constitue une violation flagrante de nos règles, et nous allons mener une enquête afin de prendre des mesures», a déclaré au Washington Post Bailey Tomson, un porte-parole de Google. «Ces salariés ont été mis en congé administratif et leur accès à nos systèmes a été coupé».

Cela n’est pas la première action menée par des salariés de Google pour demander l’abrogation de ce contrat. Comme le rapporte le journal américain, des mails internes circulent depuis plusieurs mois pour protester contre cet accord. En décembre, les salariés pro-palestiniens avaient organisé un «die-in» devant les bureaux de Google à San Francisco. Ils s’étaient allongés dans la rue et avaient bloqué la circulation pendant plusieurs heures. En mars également, l’entreprise a licencié un salarié qui s’était levé pour interrompre le discours d’un des principaux dirigeant de Google en Israël lors d’une conférence qu’il donnait à New York.

Chez Amazon, des salariés ont aussi manifesté leur désaccord avec le contrat Nimbus. Au cours d’une réunion des actionnaires en mai 2023, ils avaient déclaré qu’ils soutiendraient une résolution pour qu’une tierce partie enquête sur ce contrat. Afin de découvrir si, «l’utilisation par les clients de ses produits et services avec des capacités de surveillance, de vision par ordinateur ou de stockage dans le cloud contribue à violer les droits de l’homme ou le droit humanitaire international».