C’est à se demander s’ils ne sont pas conçus dans un laboratoire spécialisé. «On parle beaucoup de Warren Zaïre-Emery, aussi parce qu’il joue au PSG, qu’il joue la Ligue des champions et qu’il vient de rejoindre les A. Mais Leny fait un travail énorme en ce moment», louait le sélectionneur de l’équipe de France espoirs, Thierry Henry, en novembre dernier. Leny Yoro, 18 ans, figure haut sur la longue liste des jeunes footballeurs prometteurs de l’Hexagone. Comme le déroutant Zaïre-Emery, ses milieux de semaine sont encore rythmés par les belles soirées des coupes d’Europe.

«Ce qu’il est en train de faire est extraordinaire», insistait Henry en novembre. Yoro, défenseur central, est le 2e joueur de champ le plus utilisé au LOSC cette saison. Si c’est Jocelyn Gourvennec qui l’a lancé chez les pros le 14 mai 2022 (à 16 ans, 6 mois et 2 jours), c’est Paulo Fonseca, nommé entraîneur un mois plus tard, qui a poli la pépite. «L’objectif de Lille n’est pas d’être champion, expliquait récemment le Portugais à Transfer Room . C’est de créer une philosophie de jeu attractive pour les supporters et de promouvoir les jeunes joueurs. Ça fait partie de mon job.»

Voilà pourquoi il n’a «pas eu peur de faire confiance» à Yoro, qui «sera l’un des meilleurs défenseurs centraux en France et en Europe probablement». D’une maturité bluffante, le longiligne Lillois (1,90 m) gère avec brio la profondeur dans le dos de la défense des Dogues, eux qui ont pour habitude de dominer et jouer haut sur le terrain. Il est aussi solide dans les duels (64% gagnés cette saison) et surtout facile balle au pied.

Fonseca voit en lui quelqu’un de «très équilibré». «Il est professionnel, c’est un bon mec, bien éduqué», complète Henry. Leny est le fils d’Alain Yoro, lui aussi passé par le centre de formation du LOSC sans passer professionnel. Né à Saint-Maurice (Val-de-Marne), le jeune joueur est pensionnaire de Lille depuis 2017, après cinq ans à Villeneuve-d’Ascq. Il est à l’image de «la nouvelle génération» qui est «un peu plus prête, qui a un peu plus de cran», juge Henry. Dans la lignée des internationaux A que sont Kylian Mbappé, Eduardo Camavinga ou Warren Zaïre-Emery.

S’enflammer est tentant. Mais il faudra patienter avant de voir le nom de Yoro dans la bouche de Didier Deschamps. D’abord parce que la France possède un réservoir d’exception à son poste. Ensuite parce qu’il n’a pas fini d’éclore. «Il a toujours quelques réactions de jeunes, il y a toujours des trucs à peaufiner et c’est normal», a constaté Henry. Sur la pelouse d’Aston Villa la semaine dernière (défaite 2-1), le jeune défenseur a souffert face à Ollie Watkins, international anglais de 28 ans aux 19 buts en 32 matches de Premier League. «C’est l’âge, a justifié Fonseca. Il n’a encore que 18 ans. Il a parfois fait preuve d’inexpérience sur des contacts, dans des duels, mais il va encore progresser.»

Reste à savoir quel club bénéficiera de ses progrès. Le PSG, le Real Madrid, le Bayern Munich, Chelsea : tous les plus gros clubs d’Europe ont coché son nom. En novembre dernier, Yoro a rejoint Gestifute, l’entreprise de Jorge Mendes, plus célèbre agent au monde dont les clients se nomment Cristiano Ronaldo, Bernardo Silva ou encore… Zaïre-Emery. Lille réclamerait 60 M€ pour le laisser partir cet été.

La presse madrilène affirme depuis deux semaines que le Real tient la corde pour attirer le Français, qui arriverait dans l’ombre de Mbappé. L’été s’annonce chargé, lui qui est en bonne position pour disputer les JO de Paris 2024. Avant, il y a une fin de saison excitante avec Lille, 4e de Ligue 1 et qui doit gagner à domicile contre Aston Villa ce jeudi (21h). «Il est en train de faire un début de carrière exemplaire», disait de lui Thierry Henry. Après 90 minutes difficiles à Birmingham, Yoro dispose du même temps imparti pour rectifier le tir face aux Villans.