Deux semaines après la mort d’un adolescent de 15 ans passé à tabac, les annonces du premier ministre ont provoqué de nombreuses réactions dans la classe politique. À droite, on fustige le «baratin» ou encore le «numéro de commentateur» du premier ministre. Le député non inscrit de l’Essonne Nicolas Dupont-Aignan a, le premier, critiqué le discours de Gabriel Attal sur son compte X: «Encore et toujours le même baratin! L’essentiel est oublié: de vraies sanctions pénales pour les mineurs délinquants. Gabriel Attal ne veut pas abaisser la majorité pénale et lance l’étude de demi-mesures sous l’égide de Dupond-Moretti, qui n’a jamais rien voulu faire. Tragi-comédie.»
L’homme fort des Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, lui a rapidement emboîté le pas: «Sur la délinquance des mineurs, le premier ministre est passé à côté du sujet. Il lui est impossible d’aller au-delà des constats et des mesures déjà vues. Cela fait sept ans qu’Emmanuel Macron est élu, et on annonce un nouveau débat! Les mesures évoquées ne suffiront pas. Il faut oser une révolution pénale. Les courtes peines ne peuvent pas rester taboues.»
Côté Rassemblement national (RN), le député Roger Chudeau, spécialiste des questions d’éducation a déploré des «mesures cosmétiques»: «Gabriel Attal a produit une nouvelle fois un numéro de commentateur de l’actualité. Il s’est aussi livré à un exercice de communication martiale. Les mesures annoncées relèvent, elles, du cosmétique ou du gadget», a-t-il dénoncé. Avant de décocher une dernière flèche: «On est à des années-lumière d’un sursaut d’autorité. Attal ou l’incompétence dans un costume.»
Depuis l’île de La Réunion, où elle poursuit sa visite de deux jours, Marine Le Pen s’est montrée plus mesurée, déclarant «attendre de voir la réalité des consignes qui seront données au parquet», ainsi que le «nombre de procédures engagées notamment contre les parents défaillants». Sans surprise, à gauche, c’est un tout autre son de cloche. Pour la députée EELV Sandrine Rousseau, les annonces gouvernementales n’ont qu’un seul but: «Stigmatiser une jeunesse.» Sur X, l’écologiste a ironisé: «La jeunesse du 6e arrondissement, elle aura marqué “fauteur de troubles” sur son Parcoursup vous croyez?»
Son collègue Insoumis Paul Vannier a pointé de son côté les «1000 suppressions de postes d’assistant d’éducation dans le budget imposé par 49.3». Pour lui, Gabriel Attal «est le premier responsable de la dégradation du climat et de la sécurité dans les établissements scolaires». Sur les bancs socialistes, le député du Calvados Arthur Delaporte a raillé un premier ministre qui parle «de tout sauf d’éducation et de jeunesse». Le parlementaire s’en est pris à «un discours centré sur le durcissement de la sanction comme seul mot d’ordre». L’ex-locataire de la Rue de Grenelle, qui a fait de l’école l’une de ses priorités à Matignon, passe selon lui «à côté de la cause». «C’est un discours très conservateur qui va plus loin que celui de François Fillon lorsqu’il était ministre de l’Éducation. La vraie question c’est: comment on lutte contre les inégalités?», a interrogé le socialiste.
Alors que le chef du gouvernement a annoncé sa volonté de mettre en place «des travaux d’intérêt général» pour les éléments perturbateurs à l’école, Fabien Roussel a proposé, avec ironie, d’instaurer la même sanction «aux ministres incompétents, responsables d’un déficit inédit, qui exonèrent les riches et font payer leurs erreurs aux Français!» «La violence de leur politique doit être sanctionnée! Question de justice», a tonné le communiste, alors que les comptes publics sont au rouge.