Un sentiment d’inachevé. Melvyn Jaminet, arrière-révélation du rugby français lancé par Fabien Galthié alors qu’il évoluait en Pro D2, avait quitté Perpignan en 2022 pour rejoindre le grand Stade Toulousain. Une saison plus tard, il quittait, en novembre 2023, le club le plus titré de France sur un sentiment d’échec, n’ayant pas réussi à faire son trou chez les Rouge et Noir, du fait de la concurrence de Thomas Ramos et Ange Capuozzo. Et s’engageait, en cours de saison, avec le club de ses débuts, le RC Toulon.

Interrogé par l’AFP, l’arrière de 24 ans aux 19 sélections est revenu sur ses débuts avec le club varois. «Je savais que Toulon voulait me recruter et puis j’avais envie de revenir à la maison. C’est vrai que c’est un peu dur d’arriver en cours de saison mais il y a aussi eu d’autres arrivées tardives à cause de la Coupe du monde donc je n’étais pas le seul, confie-t-il. On échangeait par messages avec Pierre (Mignoni, le manager), il m’a dit qu’il me voulait au club, je savais qu’il suivait mes matches mais ce n’était pas non plus insistant. Puis j’ai retrouvé ici des amis d’enfance et ma famille, c’est cool et reposant de pouvoir les voir après les entraînements pour changer un peu du rugby.»

Ce samedi soir, au stade Vélodrome, Jaminet va recroiser ses anciens collègues. Avec appétit et sans appréhension. «J’ai hâte d’y être. C’est forcément bizarre d’affronter Toulouse car je faisais partie de cet effectif en début de saison mais j’ai hâte de revoir les joueurs, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Je sais que ça va bien se passer et j’espère que ce sera un très beau match.» Et d’ajouter à propos de ce contexte forcément spécial : «C’est vrai qu’on y pense forcément plus mais, honnêtement, je ne me mets pas plus de pression que ça. J’ai juste hâte d’y être et de jouer car c’est un match important. On se bat pour la qualification, rien n’est acquis, tout va se jouer sur les derniers matches donc il faut les jouer à 200% et ne rien lâcher pour ne pas faire de faux pas. On doit rester sur la même dynamique avec une grosse défense, du combat et beaucoup d’intensité.»

Pour lui, ce match délocalisé à Marseille sera forcément «un peu spécial». «J’ai revu une photo de ma première fois au Vélodrome, j’étais ramasseur de balle et me voilà plusieurs années après, c’est… (il marque une pause). On a du mal à se rendre compte quand même car pendant la saison on a toujours la tête dans le guidon mais revoir cette photo permet de prendre conscience de ce qu’on fait, de réaliser. C’est quand même beau.»

Attention, toutefois, à ne pas se laisser emporter par le contexte. «Honnêtement, je ne sais pas trop les émotions que ce match va me procurer, il y a tellement de souvenirs, reconnaît-il. Je suis revenu la saison dernière avec Toulouse mais le fait d’aller au Vélodrome et de jouer avec Toulon, d’être de ce côté… J’ai vraiment hâte d’y être.»

Une chose est sûre, son retour au RCT lui a permis de retrouver de la confiance. Et des ambitions avec le XV de France. L’arrière admet que, dans le Var, il a pu «retrouver un peu de visibilité, d’assurance» en enchaînant les matches «plus régulièrement» pour montrer qu’il est «toujours présent». En son absence, Thomas Ramos s’est installé en bleu dans la peau d’un titulaire indiscutable. «Ce n’était pas facile à gérer mais je comprends. Mes prestations étaient inférieures à ce que je pouvais faire et ça se voyait. Si des joueurs sont meilleurs et plus frais, c’est forcément normal qu’ils jouent, je n’ai pas de soucis à le dire», souligne Melvyn Jaminet. Et d’ajouter sur la concurrence avec Ramos : «Avec Thomas, on s’est toujours très bien entendus, on a toujours échangé, même si certains pensent le contraire. Franchement, ça a toujours été une concurrence saine. Il n’y a jamais eu de coups bas ni rien, ça s’est toujours très bien passé.»

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Lancé dans la course pour le sprint final, le RCT, quatrième au classement, a connu une saison chaotique, ce que reconnaît l’arrière toulonnais. «Je pense que la Coupe d’Europe nous a fait mal à la tête (quatre défaites en poules, NDLR), il ne faut pas se le cacher. Certains devaient déjà digérer le Mondial, d’autres devaient s’adapter au nouvel effectif et, après les deux premières défaites en Champions Cup, on s’est mis à douter, raconte-t-il. On a eu du mal à rebasculer sur le championnat mais j’ai l’impression qu’on a eu un bon déclic il y a trois semaines et je pense qu’on est reparti sur de bonnes bases.» Pour tenter de décrocher une place en phase finale du Top 14, ce qui serait une première depuis 2018.