Adidas a dévoilé jeudi 18 avril les tenues que porteront les fédérations d’athlétisme et de handball aux Jeux olympiques de Paris, en plus de celles de plusieurs comités olympiques nationaux et de ses gammes de baskets. L’occasion pour le Français Mathieu Sidokpohou, directeur général d’Adidas Europe, de répondre aux questions du Figaro sur l’actualité de la marque aux trois bandes. Et notamment la polémique autour du flocage «44» sur le nouveau maillot de l’équipe d’Allemagne de football. De nombreux internautes avaient noté la ressemblance du numéro avec le sigle utilisé par les unités SS nazies. Le numéro a été retiré de la vente et le design du «4» changé.
«C’est sur un maillot Adidas, mais ce n’est pas nous qui avons créé le design, explique Mathieu Sidokpohou. Les numéros sont créés par un partenaire, 11teamsports, avec la Fédération allemande. On l’a retiré et on en tirera les conséquences.» Oliver Bruggen, porte-parole d’Adidas, avait déclaré début avril aux médias allemands que l’entreprise «s’oppose activement à la xénophobie, à l’antisémitisme, à la violence et à la haine sous toutes leurs formes.»
De son côté, la Fédération allemande (DFB) s’était expliquée début avril sur le réseau social X : « La DFB vérifie les numéros 0-9 et soumet ensuite les numéros 1-26 à l’UEFA pour examen. Aucune des parties impliquées n’a vu de proximité avec le symbolisme nazi dans le processus de création du design du maillot.»
Le patron d’Adidas Europe a également réagi à la perte du contrat historique qui liait la marque à l’équipe d’Allemagne de football depuis 1950. La Fédération allemande a signé avec le rival américain Nike pour la période 2027-2034. «C’est un partenariat émotionnel de 77 ans, qui compte, assure-t-il. Ce choix de la DFB doit être respecté. Pour l’instant, on se concentre sur les événements extrêmement importants à venir, l’Euro masculin, l’Euro féminin et la Coupe du monde. Ce qu’on veut faire, c’est être le meilleur partenaire.» Dans une interview avec l’AFP, Bjørn Gulden, PDG norvégien de la marque, a jugé «inexplicable» la somme promise par Nike pour lui rafler ce contrat historique. Le quotidien allemand Handelsblatt évoque un montant de 100 millions d’euros par an, soit le double de ce que verse actuellement Adidas.
Mathieu Sidokpohou préfère s’attarder sur le lancement «fantastique» des maillots que portera la Mannschaft lors de l’Euro (14 juin-14 juillet) disputé à domicile, et notamment cet «incroyable» maillot extérieur violet. «On essaye de retrouver avec la DNB de l’engouement autour du foot allemand. Pour l’instant, ça prend. En plus, ils ont battu la France (en match amical le 23 mars). Ça leur a donné un petit élan supplémentaire.»
La fin du partenariat a suscité de l’indignation en Allemagne, fief de la marque aux trois bandes. La décision de choisir Nike plutôt que le fleuron national ne passe pas. Adidas pourrait toutefois se venger de son rival américain en s’emparant du maillot de l’équipe de France. La FFF, liée à Nike depuis 2011 après avoir été équipée par Adidas de 1972 à 2010, va lancer son appel d’offres pour la période 2026-2034. Interrogé sur cette possibilité, Mathieu Sidokpohou n’a pas souhaité faire de commentaires. Bjørn Gulden a indiqué de son côté que la marque aux trois bandes ferait une offre à «un prix approprié» et fera «des offres là où cela a du sens, à un prix qui nous convient et, au-delà, nous ne participerons pas».