Le ton est donné par les pharmaciens. «Les menaces de dérégulation se concrétisent, les difficultés économiques s’intensifient, les pénuries de médicaments ne s’améliorent pas, voire se détériorent», dénonce l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO) dans un communiqué publié vendredi. Le groupement de syndicats appelle ainsi à une «journée de mobilisation» le 30 mai prochain avec la «fermeture de toutes les officines» en France. L’USPO affirme qu’il «déposera un préavis de grève en conséquence».

«On en a marre, on nous balade», lance au Figaro Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO. Au cœur des tensions, le rapport du député Renaissance Marc Ferracci qui tend vers «une dérégulation de la pharmacie», selon le représentant de la profession. Il pointe notamment le projet de vente de médicaments «sur des plateformes en ligne (type Amazon)» et dans les «grandes surfaces».

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À cela s’ajoute «l’entrée de groupes financiers dans les officines […] qui ne se fait pas sans intérêt». «Lorsque les banques refusent de prêter aux pharmaciens, ces groupes proposent de les financer mais c’est une catastrophe. On l’a vu dans les Ehpad ou avec la biologie médicale», fustige Pierre-Olivier Variot. «Ce n’est plus la santé publique qui décide mais les financiers et ça devient problématique», met en garde le président de l’USPO.

Concernant les ruptures de médicaments, Pierre-Olivier Variot reconnaît «l’énorme travail» qu’a déjà réalisé l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Mais si cet organisme s’est concentré sur les approvisionnements des antibiotiques, de nombreux médicaments manquent toujours à l’appel comme des «anticancéreux» ou des «antalgiques».

D’ici le 30 mai, l’USPO appelle «à la sensibilisation de ses interlocuteurs» avec la présentation de pétitions dans les officines. Une grève des pharmacies de garde est également prévue lors du week-end de la Pentecôte, du 18 au 20 mai. Et la grogne semble prendre du terrain, avec des syndicats qui ont décidé de se mobiliser conjointement, notamment en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Corse et en Occitanie. «Les syndicats FSPF et USPO de la Lorraine, la Drôme, l’Ardèche, le Pas-de-Calais et le Nord ont également choisi l’union. D’autres sont en cours de négociation», détaille le communiqué du groupement de syndicats.