Le temps presse pour le camp présidentiel, à un mois et demi des élections européennes. Alors que la tête de liste Valérie Hayer reste devancée de huit à dix points par Jordan Bardella dans les sondages,François Bayrou veut tirer la sonnette d’alarme. Invité dimanche du «Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Paris Première», le patron du MoDem a appelé les Français à «prendre la mesure» du «danger» qui planerait sur l’Union européenne.

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«Poutine a déclenché un mouvement qui s’étend sur toute la planète, c’est-à-dire le retour au temps où c’est la violence qui fait la loi, a-t-il détaillé. Ce que la Chine fait entendre comme menace à l’égard de Taïwan, ce qui s’est passé le 7 octobre, c’est le même mouvement.» Et de décocher une flèche en direction des Insoumis et du Rassemblement national (RN) : «Tous ceux qui prétendent qu’on n’a pas besoin de l’Europe sont des menteurs voire des escrocs.»

L’allié historique d’Emmanuel Macron se refuse en revanche de descendre dans l’arène nationale, en ciblant nommément les troupes de Jordan Bardella comme le recommandaient pourtant certains soutiens du chef de l’État. «Je n’ai jamais été partisan de braquer les projecteurs sur le RN car vous lui rendez un service formidable», a-t-il justifié, mettant en garde contre le risque d’«en faire le sujet unique de la campagne». Et d’ironiser : «J’adorerais que tous les matins les partis politiques disent : “François Bayrou, c’est un risque quand même…»

Alors que la liste de Valérie Hayer doit encore être dévoilée d’ici la fin du mois, François Bayrou n’exclut pas de prendre part au casting «en position non-éligible». «Si on a besoin de moi, je serai là», a assuré le Haut-commissaire au Plan. C’est en tout cas une piste avancée par le chef de l’État, qui souhaiterait voir les noms des chefs des partis de la majorité figurer à la fin de la liste. Manière de faire bloc derrière la candidature de l’eurodéputée, encore méconnue du grand public.

Quant à son destin personnel, François Bayrou est revenu sur ses ambitions inachevées lors du remaniement de février dernier. Après avoir annoncé qu’il ne rentrerait pas au gouvernement «faute d’accord profond» sur la politique à suivre, le maire de Pau assure ne pas avoir reçu à l’époque d’offre pour le ministère de l’Éducation nationale. «Si on me l’avait proposé, j’aurais accepté», a-t-il confié.