Les difficultés sur certains marchés ne sont pas éludées. Il n’empêche : dans son rapport 2024 sur le marché mondial du véhicule électrique (100% électrique et hybride rechargeable), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que la dynamique du secteur va se poursuivre au niveau mondial dans les prochaines années

La croissance des ventes mondiales de voitures électriques a touché un point haut en 2023, avec une hausse de 35%, pour atteindre près de 14 millions d’unités. La demande est très largement concentrée sur trois zones : la Chine (un peu moins de 60% des ventes), l’Europe (un peu moins de 25%) et l’Amérique du Nord (10%). Pour 2024, l’AIE anticipe que 17 millions de voitures électriques seront vendues dans le monde, ce qui représente une hausse de 25% par rapport à l’année précédente.

La plus grande part de ces véhicules sera écoulée en Chine, où le secteur électrique reste très dynamique. 10 millions d’unités y seront vendues. La part de l’électrique devrait monter à 45% ! Et la croissance atteindra 25%. L’AIE estime qu’il s’agit d’une excellente performance dans un contexte moins favorable. «Malgré la suppression progressive des subventions à l’achat au cours de l’année écoulée, les ventes en Chine restent robustes, signe d’une maturation du marché», analyse l’organisation internationale.

La dynamique électrique devrait être un peu plus faible aux États-Unis, avec une hausse de 20% sur l’ensemble de l’année. Le premier trimestre est cependant plus faible, à 15%. Surtout, elle est essentiellement tirée par les hybrides rechargeables, en hausse de 50%. À l’inverse, «la part des ventes de véhicules à batterie semblent avoir quelque peu reculé au cours des derniers mois», pointe l’AIE.

Parmi les grands marchés, c’est l’Europe qui va rencontrer les difficultés les plus importantes cette année. Déjà en 2023, «la suppression progressive de plusieurs subventions à l’achat en Allemagne a globalement ralenti la croissance des ventes de véhicules électriques», souligne le rapport. Conséquence : «la part des ventes de voitures électriques est passée de 30 % en 2022 à 25 % en 2023». Sur le premier trimestre 2024, et à l’échelle de l’Europe, la croissance des ventes de véhicules électriques n’a été que de 5%, légèrement supérieure à celle des ventes globales de voitures. Et sur l’ensemble de l’année, les experts de l’AIE tablent sur une progression modeste – moins de 10% – des ventes de véhicules électriques par rapport à l’année précédente.

Les freins à un maintien de la croissance très rapide sont connus. Il s’agit de la disponibilité des batteries, du besoin impérieux d’une infrastructure de recharge – notamment rapide – suffisante et du prix de ces voitures électriques. Sur ce dernier point, les aides étatiques peuvent en partie compenser le surcoût. Mais certains gouvernements commencent à les revoir à la baisse, comme l’a montré l’Allemagne. La solution passe par une baisse du prix de vente de ces véhicules électriques. Le dynamisme chinois vient en partie de là. «En Chine, on estime que plus de 60% des voitures électriques étaient déjà moins chères que leur équivalent thermique», se réjouissent les experts de l’AIE. En revanche, les véhicules électriques «restent 10% à 50% plus chers que les véhicules thermiques en Europe et aux États-Unis».

L’AIE se veut toutefois confiant pour le futur, misant sur le fait que les «investissements substantiels dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques, un soutien politique continu et une baisse du prix des véhicules électriques et de leurs batteries devraient produire des changements substantiels dans les années à venir.» De quoi envisager une forte progression de la part de ces voitures électriques dans le parc roulant. «Près d’une voiture sur trois en circulation en Chine devrait être électrique d’ici 2030, et près d’une sur cinq aux États-Unis et dans les pays de l’Union européenne, estime ainsi Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE. Ce changement aura des conséquences majeures tant pour l’industrie automobile que pour le secteur de l’énergie.» Parce que là est bien l’objectif de ce changement industriel majeur : permettre de diminuer la consommation mondiale de pétrole.