Il est le premier témoin clé dans le procès historique de l’ancien président des États-Unis. Ami proche de Donald Trump depuis le milieu des années 1990, cet homme de 73 ans était à la tête d’un empire médiatique pendant plus de deux décennies, avec son statut de président et PDG de l’American Media Inc.. L’homme d’affaires est accusé d’avoir profité de sa position pour étouffer des affaires qui auraient pu nuire à la campagne présidentielle de 2016 de Trump : notamment celles de Stormy Daniels, de Karen McDougal et de l’ancien portier de la Trump Tower.
David Pecker est né dans le Bronx à New York. Pour subvenir aux besoins de sa famille après le décès de son père à l’âge de 16 ans, il commence par travailler dans la comptabilité et obtient un diplôme de l’Université Pace. Dans les années 1990, il devient PDG des magazines Hachette Filipacchi et, en 1995, il lance George, un magazine mensuel sur le style de vie politique édité par John F. Kennedy Jr..
Sa rencontre avec Donald Trump, alors magnat de l’immobilier, remonte au milieu des années 1990, lorsqu’il lui propose de lancer le magazine Trump Style, qui documentait le «glamour et le plaisir» des propriétés immobilières et des casinos de Trump. Voyages, vacances, rencontres… Leur complicité s’est rapidement développée au fil des années au point que l’homme d’affaires s’est retrouvé invité au mariage de Trump avec Melania en 2005.
Pourtant, l’ami fidèle de Donald Trump est appelé aujourd’hui à témoigner à charge contre lui. Il est en effet mêlé à de nombreuses affaires concernant les paiements secrets de Donald Trump.
Une conversation datant d’août 2015, retranscrite par le Wall Street Journal, retrace l’origine de l’accord entre les deux hommes: il est retranscrit que Trump demande à Pecker ce qu’il peut faire pour l’aider dans le cadre de sa campagne présidentielle. Ce dernier répond alors qu’il peut se servir de son média National Enquirer pour acheter le silence des femmes qui accuseraient Trump d’agression sexuelle à l’encontre de l’ancien président. Pecker devient à ce moment précis les «yeux et les oreilles» de Trump, selon le procureur.
«Ces trois hommes ont formé un complot lors de cette réunion pour influencer l’élection présidentielle en dissimulant des informations négatives sur Trump afin de l’aider à se faire élire», a lancé le procureur Colangelo lundi en s’adressant aux jurés du tribunal. Il reproche à David Pecker d’être impliqué au total dans trois affaires de «catch and kill».
La première concerne un portier de la Trump World Tower, Dino Sajudin, qui prétendait avoir des preuves de l’existence d’un enfant caché. Ce dernier a reçu 30.000 dollars en 2015 du groupe de média pour lui réserver l’exclusivité de cette histoire. Qui au final, ne fut jamais publiée… En 2018, il avait déclaré à CNN : «Quand je travaillais à la Trump World Tower, j’ai reçu l’ordre de ne pas critiquer l’ancienne femme de ménage du président Trump». «À cause d’une liaison qu’elle avait eue avec le président Trump, dont un enfant était né», avait-il ajouté.
La deuxième affaire concerne Karen McDougal, une playmate (femme qui pose pour le magazine de charme) de l’année de Playboy en 1998, qui avait déclaré avoir une liaison avec Trump pendant que ce dernier était marié à Melania. En août 2016, 150.000 dollars lui ont été versés via l’hebdomadaire National Enquirer. Encore une fois, l’information n’est jamais publiée. L’agence de presse Associated Press affirme que Picker gardait les informations non publiées dans son coffre-fort.
La dernière histoire et sans aucun doute la plus connue est celle de Stormy Daniels, alias Stephanie Clifford. L’actrice pornographique a assuré pendant de nombreuses années avoir eu une relation avec Donald Trump. Juste avant la campagne présidentielle, en 2016, Stormy Daniels a reçu 130.000 dollars.
L’entreprise American Media a admis, dans un accord conclu en 2018 pour éviter les poursuites fédérales, qu’elle avait effectué le paiement à Karen McDougal. L’ancien avocat de Trump Michael Cohen , qui avait reconnu être à l’origine du paiement de 130.000 dollars pour Stormy Daniels, avait déclaré avoir aidé à organiser l’accord de Karen McDougal, sur les ordres de Donald Trump.