À Bordeaux

COUPS DE CŒUR

Une chose est sûre, cette Angleterre-là est prête pour la prochaine Coupe du monde qu’elle accueillera en 2025. Les «Red Roses», comme elles sont surnommées, ont remporté leur 20e Tournoi et leur 17e Grand Chelem, enchaînant même un 15e succès de rang depuis leur défaite en finale de Coupe du monde face à la Nouvelle-Zélande. Impériales. Malgré un public français en feu, les sifflant à leur retour aux vestiaires, les Anglaises, surpuissantes, n’ont pas tremblé et ont fait preuve d’une sérénité à toute épreuve, même dans une fin de match dominée par l’équipe de France. Par du jeu simple, basé sur du défi physique et des mauls dévastateurs, les vice-championnes du monde en titre ont maîtrisé les Bleues. Il faut le rappeler, les joueuses de la Rose sont professionnelles et cela se voit. Le rugby féminin français a de belles heures devant lui mais devra, peut-être, s’inspirer du modèle anglais pour passer un cap à l’avenir.

Certes, l’équipe de France a été dominée sur certains fondamentaux de ce jeu. Mais accrocheuses par des plaquages saignants, les Bleues ont montré du caractère. Constamment menées au score, les joueuses du duo Mignot-Ortiz ont souvent causé des dégâts sur des attaques au large, avec notamment de beaux essais de Vernier puis Marine Ménager, par deux fois. À 14 après le carton rouge concédé par Khalfaoui, l’équipe de France a tenté plusieurs coups, mettant la pagaille dans la défense adverse et privant les Red Roses du ballon en fin de rencontre.

Certes, nous étions loin des 58.498 spectateurs à Twickenham le 29 avril dernier – record absolu – entre ces deux équipes (défaite des Bleues 38-33). Mais ce samedi au stade Chaban-Delmas de Bordeaux, le record d’affluence pour un match de rugby féminin en France a été battu, avec 28.023 billets vendus. Et malgré la pluie et la défaite, les supporters français et anglais ont largement répondu présent. À deux heures du coup d’envoi déjà, un nombre impressionnant de spectateurs attendait devant les grilles. L’ambiance est même montée à 1h30 de la rencontre lorsque les Bleues se sont réunies sous des conditions météorologiques difficiles au milieu de la pelouse. Un engouement qui fait plaisir, même si l’on peut regretter la programmation quasi simultanée avec le multiplex de Top 14…

COUPS DE GRIFFE

Les Bleues ont subi. Beaucoup subi. La pluie d’abord, à cause d’une météo bien capricieuse. Puis l’orage sur la pelouse. Physiquement, l’équipe de France a reculé sur les impacts, manquant trop de plaquages. Réduites à 14, les coéquipières de Bourdon Sansus ont ensuite couru après le score. Les six essais dans l’escarcelle des joueuses de la Rose font mal et le score, lourd, montrent encore que les Bleues ont encore une longueur de retard sur leur adversaire du jour. Les joueuses du duo Mignot-Ortiz enchaînent un nouveau revers face à l’Angleterre, la dernière victoire française remontant à 2018.

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L’arrière française avait sauvé les meubles à deux reprises et s’est proposée à de multiples reprises dans la ligne d’attaque des Bleues. Mais Emilie Boulard a commis une erreur largement évitable, qui a coûté sept points (24e). Sur une mauvaise inspiration, la joueuse de Blagnac a tenté une relance alors qu’elle était sous pression. Pire même, elle a tenté une transmission risquée et sanctionnée par l’anticipation de la centre anglaise Jones. Difficile cependant de lui jeter la pierre, elle qui a largement tenu la baraque durant la compétition.

La pilier a réalisé un Tournoi titanesque. Grâce à de bonnes passes après-contact, une tenue en mêlée irréprochable et une activité impressionnante, Assia Khalfaoui a écopé d’un carton jaune transformé en carton rouge après bunker pour un déblayage dangereux et dans la tête de l’Anglaise Talling (45e). Son absence s’est ensuite fait sentir et sa puissance a manqué même si ses coéquipières ont montré de la solidarité. Mais la jeune joueuse de 23 ans continue d’apprendre et est promise à un bel avenir.