«En une nuit, les trois-quarts des bâtiments communaux ont été dégradés.» Les émeutes de juin 2023, après la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre, ont refroidi les assureurs de la ville de Denain, dans le Nord. Les bâtiments publics de la commune ne sont plus assurés depuis le 1er janvier, a affirmé la maire (PS) Anne-Lise Dufour-Tonini, confirmant une information de BFMTV. Aucun assureur n’a répondu à l’appel d’offres lancé par la mairie pour assurer ses bâtiments à partir de début 2024. Et malgré le recours à un courtier, aucun ne s’est toujours manifesté fin avril.
Théâtre, médiathèque, mairie : fin juin, nombre de bâtiments publics de cette ville de 20.000 habitants proche de Valenciennes et marquée par un fort taux de pauvreté avaient été dégradés lors d’émeutes suivant la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre. «Les assureurs n’ont pas dépensé beaucoup pour Denain ces dernières années, constate la maire. Mais cette seule nuit d’émeutes a conduit la ville à payer «environ 750 euros de franchise et l’assureur [à payer] 600.000 euros de travaux», résume-t-elle. L’élue confie être désormais très inquiète dès qu’elle entend passer un camion de pompiers, espérant qu’un bâtiment communal ne parte pas en flammes.
Après avoir été reçue à Matignon il y a quelques jours, aux côtés d’autres maires concernés comme celui de Maubeuge, elle dit attendre avec impatience les conclusions de la mission gouvernementale travaillant sur les assurances des collectivités, menée par le vice-président de l’Association des maires de France Alain Chrétien (Horizons). Un rapport de la commission des Lois du Sénat rendu public début avril a estimé le coût des dégradations liées aux violences urbaines ayant suivi la mort de Nahel à un milliard d’euros.
De son côté, la commission des finances du Sénat a dressé fin mars un bilan inquiétant des difficultés rencontrées par les collectivités locales pour s’assurer, pointant notamment une guerre des prix entre assureurs qui a fini par nuire au marché.