À la suite de plusieurs cas médiatisés de violences à l’encontre de fonctionnaires, le gouvernement lance un «plan de protection» des agents publics, visant «en priorité les agents de guichet». «La philosophie de ce plan, c’est de ne jamais laisser les agents seuls face aux difficultés, aux menaces, aux violences», a expliqué le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, au Parisien ce lundi, auquel il a donné la primeur des mesures. «Ceux qui nous servent sont en première ligne. Nos fonctionnaires, nos agents de guichet, sont directement menacés parfois, ce n’est pas acceptable», a-t-il répété sur RMC ce lundi matin, estimant que «le phénomène de décivilisation se déverse aujourd’hui sur les guichets de nos administrations».
Parmi ces mesures, l’exécutif prévoit de faire évoluer la législation pour permettre un dépôt de plainte par l’administration pour le compte des agents publics agressés. Jusque-là, l’administration ne pouvait pas porter plainte lorsqu’un usager blessait un agent sans abîmer d’équipement ou de bâti. Le ministère de la Fonction publique entend ainsi permettre «d’affirmer le soutien à l’agent, de lutter contre l’autocensure de l’agent et de renforcer la plainte». La mesure doit être intégrée à la prochaine réforme de la Fonction publique.
Il est en outre prévu d’étendre la «protection fonctionnelle» aux ayants droit, comme le conjoint ou la famille, à titre conservatoire. Cette protection, inscrite dans la loi et destinée à «protéger les agents publics contre les attaques ou les mises en causes pénales dont ils peuvent être l’objet dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions», consiste notamment en la prise en charge, par l’administration employeur, des frais de justice, mais aussi par exemple du soutien médical ou psychologique de l’agent, ou encore d’une aide au changement de numéro de téléphone, y compris à titre préventif.
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Le gouvernement annonce également un renforcement des «dispositifs de sécurisation», tels que les boutons d’alerte et caméras de vidéoprotection, en débloquant une enveloppe d’un million d’euros, ainsi qu’un «baromètre» annuel «pour mesurer les incivilités et les violences subies par les agents», qui sera lancé début 2024. «Il faut mieux mesurer ce qui leur arrive», a justifié Stanislas Guerini sur RMC.
Le 1er septembre dernier, le ministre avait martelé lors d’un discours à l’Institut régional d’administration de Villeurbanne, en région lyonnaise, que «la première des choses que l’employeur public doit à ses agents, c’est la protection physique». Auprès de l’AFP, Céline Verzeletti, la secrétaire générale de l’UFSE-CGT, premier syndicat de la fonction publique, insistait sur la nécessité de mettre en œuvre les dispositifs existants. «On a droit à une protection fonctionnelle» assurée par l’employeur, détaillait-elle, mais «souvent, quand on la demande, on nous la refuse.»