Panique à bord. Et crise profonde à tous les étages. A la veille de son entrée en lice en Ligue Europa sur le terrain de l’Ajax Amsterdam, où Jacques Abardonado prendra place sur le banc, l’Olympique de Marseille s’est encore un peu plus enfoncé dans la crise mercredi, avec le départ désormais confirmé de l’entraîneur Marcelino et une direction qui a pris du recul face à la colère d’une partie des supporters.

«C’est sûr que c’est une sacrée tourmente…», a reconnu en conférence de presse à Amsterdam l’attaquant marseillais Pierre-Eymerick Aubameyang. A ses côtés s’était installé Jacques Abardonado, Marseillais de naissance, ancien joueur du club et ex-coach de toutes les équipes de jeunes.

Le départ de l’entraîneur Marcelino, arrivé il y a moins de trois mois, ayant été confirmé en début d’après-midi, c’est Abardonado qui sera jeudi sur le banc de la Johan Cruijff Arena pour les débuts de l’OM en Ligue Europa. «Pancho» a été intronisé entraîneur intérimaire en tandem avec David Friio, le directeur sportif du club. «C’est une fierté pour moi de représenter ce club», a-t-il assuré, reconnaissant par ailleurs de «la tristesse» face à la crise traversée par l’OM.

Après cette conférence de presse vite expédiée, les joueurs marseillais se sont entraînés, dans une ambiance apparemment plutôt détendue. Mais contrairement à l’habitude, aucun des principaux dirigeants n’était présent au bord de la pelouse. Seul Jean-Pierre Papin, ambassadeur du club, était là, enfoncé dans un fauteuil en tribune. Mais en coulisses, la situation reste extrêmement floue et l’avenir du président Pablo Longoria et de ses trois principaux collaborateurs (le directeur du football Javier Ribalta, le directeur général Pedro Iriondo et le directeur financier Stéphane Tessier) est toujours incertain.

Alors que la lecture du nébuleux communiqué publié mardi soir par l’OM avait laissé perplexe quant à l’avenir de Longoria, Ribalta et les autres, une source ayant connaissance du dossier a expliqué que les quatre hommes avaient décidé de «se mettre en retrait» pour «réfléchir».

Dans l’entourage de Frank McCourt, le propriétaire américain du club, on a tenu à démentir cette «mise en retrait», assurant que la direction était «en place» même si, de fait, aucun de ses membres n’est présent à Amsterdam. «Nous apportons un soutien sans équivoque au directoire», a également assuré le clan McCourt. Selon une source proche du dossier, les quatre dirigeants visés auraient en tous cas été «choqués» par la virulence des propos des supporters présents et leur maintien à l’OM reste extrêmement incertain.

Dans un communiqué publié mercredi soir, Marcelino évoque lui «des menaces personnelles allant jusqu’à de possibles conséquences sur l’intégrité physique et morale (des dirigeants) au cas où ils refuseraient de se démettre de leurs responsabilités». «Les volontés d’intimidation et les attaques individuelles dont le président et son comité directeur ont été la cible lundi, alors que le championnat n’en est qu’à sa 5ème journée, laissent augurer des lendemains incertains», poursuit le technicien espagnol. «A aucun moment nous n’avons proféré des menaces de mort ni demandé la démission de Marcelino», ont de leur côté assuré à l’AFP mercredi Rachid Zeroual, responsable des South Winners, et Christian Cataldo, patron des Dodger’s.

«Nous voulons rencontrer l’actionnaire principal qui est Frank McCourt. Il faut qu’il vienne au plus rapide pour écouter ce qu’on a à lui dire», réclame désormais Rachid Zeroual. En 2021, la colère des supporters avait emporté Jacques-Henri Eyraud, prédécesseur honni de Longoria. Mais le contexte est aujourd’hui totalement différent, Longoria conservant une belle cote de popularité auprès d’une large part des supporters marseillais.

Une pétition en faveur de son maintien à la présidence avait ainsi recueilli mercredi soir plus de 42.000 signatures et, sur les réseaux sociaux, plusieurs groupes de supporters de l’OM à l’étranger ont également pris fait et cause pour le dirigeant espagnol.

Si les principaux groupes de supporters (Winners, Dodger’s, CU84, Fanatics, MTP, Club des Amis de l’OM, Handifan Club OM) affichent un front uni, la base est donc probablement assez divisée, infiniment plus en tous cas qu’à l’époque Eyraud. Jeudi à Amsterdam, ils seront quoi qu’il en soit plus de 2.000 ultras au stade pour encourager leur équipe en cette période de crise.