Même s’ils visent l’or, l’argent demeure toujours le principal nerf de la guerre de tout athlète olympique. Récemment, l’exemple de la championne de France du lancer de javelot, Jöna Aigouy, avait été particulièrement éloquent, la jeune femme de 24 ans étant contrainte à la fois de vendre certains de ses biens personnels, de multiplier les petits boulots et de créer une cagnotte Crowdfunding pour parvenir à financer son rêve de participer aux Jeux de Paris en 2024. Des préoccupations qu’aurait pu partager Rémy Boullé sans son partenariat avec Bridgestone qui, en tant que partenaire de la compétition, a créé sa «Team» d’athlètes qu’intègre donc ce vendredi le récent vice-champion du monde de paracanoë.
«Bien sûr que financièrement, cela m’apporte un certain confort», confie le para-athlète de 35 ans. «Quand un athlète n’a pas besoin de faire du crowdfunding pour payer ses jours de stage, forcément, il est plus concentré sur son entraînement et progresse plus vite. Pour vous parler concrètement, d’ici les Jeux, je vais effectuer environ 250 jours de stage en dix mois. Cette aide financière que m’apporte Bridgestone va sans doute me permettre d’avoir ma femme et ma fille à mes côtés à certains moments, comme lorsque je serai en Guadeloupe pour m’entraîner cet hiver car je ne pourrais pas le faire dans l’Hexagone en raison du froid.» Et celui-ci d’ajouter : «ce partenariat, j’en avais besoin pour performer, ce qui est plus dur à réaliser quand on n’est pas serein financièrement. Tout ce que je veux, c’est que la pratique de mon sport me coûte zéro. Il faut financer les déplacements, le staff, et même si en grande partie cela est pris en charge par l’Agence Nationale du Sport (ANS), Bridgestone m’apporte un réel plus en finançant trois à quatre semaines de stage.»
Médaillé de bronze en 200m KL1 lors des Jeux de Tokyo en 2021, Rémy Boullé se retrouve mis en avant aux côtés de Kevin Mayer (décathlon), Amandine Buchard (judo) ou encore Manon Brunet-Apithy (escrime), ce qui n’est pas une compagnie anecdotique. «Je ne sais pas si cela ajoute de la pression», explique-t-il. «Pour moi, cela ajoute de la détermination à réussir. Sur le papier, être en compagnie de Kevin, Manon ou Amandine, c’est se retrouver avec de grands noms du sport français, des multimédaillé(e)s olympique et mondial. Donc cela donne envie de faire aussi bien et d’être capable, comme eux, de performer le jour J. Ils doivent me servir d’exemple et faire partie de ce team Bridgestone doit m’offrir plus une émulation qu’une pression.» Une émulation et une motivation que l’Orléanais rappelle ainsi : «Quand je suis un peu fatigué, cela doit me pousser à aller de l’avant. Il y a deux ou trois ans, je pouvais m’écouter davantage, et peut-être trop, en raccourcissant certaines séances ou en repoussant au lendemain certains exercices. Là, forcément, je me dis qu’une séance perdue ne pourra jamais être rattrapée et je ne peux pas me permettre ce luxe. À ce moment-là, je pense à Kevin et je me dis : est-ce que lui louperait une séance simplement parce qu’il se sent un peu moins bien ?»
«C’est ce qui nous a plu dans le parcours de Rémy», abonde Bénédicte Bohbot, directrice marketing du manufacturier en pneumatique. «Il s’inscrit dans les valeurs et le message que nous voulons véhiculer dans notre campagne. C’est-à-dire que les athlètes ne comptent pas sur la chance, mais sur la qualité de leur préparation pour être performant le jour J Nous nous reconnaissons pleinement dans cette notion de travail qu’il met en avant et qui l’anime au quotidien.»
Et inutile d’imaginer ce militaire, victime d’un terrible accident lors d’un entraînement de parachutisme en 2014 qui l’a laissé paraplégique, prendre un jour la grosse tête : «Non, cela n’arrivera pas car je n’ai pas vraiment d’ego. Quand j’ai rencontré Emmanuel Macron, je lui avais dit qu’on peut bien être président de la République, milliardaire comme Donald Trump ou champion olympique, nous restons tous des êtres humains, qui vont mourir pareil. Donc je ne me considère pas au-dessus d’une autre personne, ni en dessous. Après, peut-être que si j’avais dix titres olympiques, j’aurais un peu plus d’ego. Plus sérieusement, ce n’est pas ma vision de la vie et je viens d’un milieu où personne n’a d’ego. En tant que militaire, l’ego tue, tout simplement. Si tu te penses supérieur, tu risques beaucoup plus ta vie.»