Comme souvent lors des manifestations, c’est à Marseille que Jean-Luc Mélenchon sera ce samedi, pas au Palais du Pharo pour y rencontrer le pape François comme nombre de personnalités publiques et politiques mais dans la rue.

Le triple candidat la présidentielle participera à une manifestation pour «reprendre la rue» avec plusieurs motivations officielles: «Contre le racisme systémique et les violences policières, pour les libertés publiques, syndicales et la justice sociale.»

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L’affaire a été lancée cet été après la mort du jeune Nahel, tué par un policier dans le cadre d’un refus d’obtempérer. Si LFI et Europe Écologie-Les Verts font partie des premiers signataires, avec plus d’une centaine d’organisations – dont la CGT, Attac et Les Amis de la Terre, Extinction Rebellion France ou le Syndicat de la magistrature – les Insoumis sont plus allants que les écologistes. «Si notre secrétaire nationale, Marine Tondelier, a appelé le parti à participer, l’appel a relativement peu circulé en interne», glisse un député EELV.

La prudence est de mise dans les partis alors que quelque 80 manifestations sont prévues en France. Entre 4000 et 6000 personnes seraient attendues à Paris au départ de la gare du Nord, à 14h30. Au sein de la Nupes, si tous dénoncent des violences et du racisme dans la police, beaucoup refusent l’idée qu’il s’agisse d’un problème systémique. La crainte d’une dérive comparable à la marche contre l’islamophobie de l’automne 2019 est dans tous les esprits.

Réunie mardi en Bureau national, la direction du PS a dit son malaise face au slogan souvent entendu lors de ces marches: «Tout le monde déteste la police!»

Selon certains opposants internes au premier secrétaire, une première version du texte officiel, diffusé avant le BN, aurait explicitement mentionné que si le PS ne signait pas, chacun était libre d’y participer. Ils auraient obtenu avec succès le retrait de cette mention ambiguë. Interrogé par Le Figaro, Olivier Faure nie cette allégation: «Au PS, nous avons fait le choix de ne pas y aller et il n’y a jamais eu la moindre circonvolution.» Il ajoute: «Évidemment qu’en adhérent au PS, chaque citoyen peut participer à toutes les manifestations de son choix et c’est ce qui s’est passé pour la marche contre l’islamophobie. Chacun est majeur et vacciné.» Outre les slogans, la défense de l’abaya à l’école par certaines organisations signataires, ces derniers jours, a achevé de convaincre le PS. «Le risque, c’est que certaines marches se transforment en manifestes en pro-abayas», regrette un cadre PS.

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Comme les socialistes, Fabien Roussel juge que les violences policières sont un «sujet grave, provoquant des drames» et qui «doit être traité». Mais le patron des communistes désavoue lui aussi le slogan et l’idée d’un système. Sa prise de position a suscité une nouvelle et violente altercation avec les Insoumis. Députée de Paris et proche de Jean-Luc Mélenchon, Sophia Chikirou a posté sur les réseaux sociaux une photo de tee-shirt noirs avec écrit en lettres blanches: «Tout le monde déteste Fabien Roussel.»

Roussel «n’a pas le droit de caricaturer les mots d’ordre de ceux qui y participent», a rabroué le député et coordinateur politique de LFI, Manuel Bompard. LFI réclame la suppression de la loi Cazeneuve de 2017 sur les conditions d’exercice de la légitime défense par les policiers. «Les milieux populaires veulent qu’on abroge le droit de tuer leurs gosses», a répété Jean-Luc Mélenchon à la Fête de l’Humanité.