En novembre dernier, dans une vidéo publiée sur YouTube, Emmanuel Macron avait fait part de son souhait de développer un réseau de trains urbains dans dix grandes agglomérations françaises, sur le modèle du réseau express régional (RER) d’Île-de-France. Le chef de l’État a répété cette ambition ce lundi lors de sa présentation des grandes lignes de la planification écologique, en annonçant 700 millions d’euros de l’État pour bâtir 13 RER métropolitains.

Selon SNCF Réseau, «une quinzaine de projets sont en cours en France, à des stades plus ou moins avancés». Pour accélérer ces projets et mettre en musique la promesse du président de la République, l’Assemblée nationale a adopté en juin dernier un texte élargissant les missions de la Société du Grand Paris, rebaptisée Société des grands projets. Le Figaro fait le point sur les projets en cours.

À Strasbourg, le Réseau express métropolitain européen (REME) est déjà une réalité, puisqu’il a été mis en service en décembre dernier. Il s’agit du premier à avoir été lancé hors Île-de-France. Près de dix mois après son inauguration, le projet connaît des débuts chaotiques. Début juin, seulement 600 trains de plus circulaient chaque semaine sur le réseau, loin des quelque 800 prévus en décembre et même du millier promis initialement pour fin août.

Ce «RER strasbourgeois» avait à l’origine pour but de garantir «des cadencements et des vitesses de circulation élevés», une «amplitude horaire étoffée», ou encore «un maillage territorial et résolument transfrontalier», vantait la région, à qui la prérogative des transports revient de droit. La région qui, avec l’Eurométropole de Strasbourg, finance le projet à hauteur d’environ 14 millions d’euros par an. Pour l’usager, l’objectif initial était de ramener le temps d’attente entre chaque train à un quart d’heure aux heures de pointe, et à tripler le nombre de trains quotidiens dans certaines gares entre 2022 et 2023, comme à Graffenstaden. Aujourd’hui, la SNCF ne se fixe plus d’objectifs chiffrés, mais compte sur une montée en puissance progressive du REME jusqu’en 2030, rapporte France Bleu.

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À Bordeaux aussi, le projet de RER Métropolitain est déjà bien engagé. La métropole bordelaise et la région ont entériné une feuille de route commune en avril 2018, avant d’engager les premiers travaux dans la foulée. Dès fin 2020 a ainsi été mise en service une première liaison entre Libourne et Arcachon, sans changement à Bordeaux. Mais c’est en juin qu’a vraiment été posée la première brique du futur RER métropolitain, avec l’inauguration de la nouvelle halte ferroviaire du Bouscat-Sainte-Germaine, qui doit être desservie par 44 arrêts par jour en semaine. En déplacement à Bordeaux en juin dernier, le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune a assuré que l’État était prêt à mettre de sa poche 150 millions d’euros dans ce projet de RER bordelais. Le gouvernement souhaiterait qu’un plan de financement complet soit bouclé d’ici à la fin de l’année, pour pouvoir lancer la première phase du projet.

Les transformations portent sur l’augmentation de l’offre, avec 150 trains de plus chaque jour prévus en 2030 par rapport à 2020. La montée en gamme se fera de manière progressive. Le réseau proprement dit est lui aussi complètement redessiné en «étoile». Les lignes de train se rendront d’un bout à l’autre de la métropole en traversant Bordeaux, alors qu’il faut aujourd’hui bien souvent s’y arrêter pour changer de train. À terme, en 2030, le RER bordelais devrait compter 300 kilomètres de rails pour trois lignes et 54 gares au total.

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Après avoir patiné pendant des années, le projet de réseau express Hauts-de-France, parfois appelé «RER Lille-bassin minier», semble bel et bien lancé. En juin dernier, l’État, la région et la métropole lilloise ont missionné SNCF Réseau et la Société du Grand Paris, devenue Société des Grands Projets (SGP), pour définir la gouvernance de ce futur RER métropolitain. L’objectif de ce futur réseau est de doubler les fréquences des trains en heures de pointe sur le réseau métropolitain lillois, de sorte à relier plus rapidement la métropole à Lens, Douai, Hénin-Beaumont ou Valenciennes notamment. L’objectif est d’y parvenir d’ici à 2035-2040, selon le gestionnaire du système ferroviaire français SNCF Réseau.

Mais son financement n’est pas encore trouvé. «C’est un projet à plus de sept milliards d’euros à l’horizon 2040 car cela nécessite de créer une troisième gare à Lille et 37 km de voies», explique Franck Dhersin, vice-président de la région chargé des transports. En février 2022, lors d’un déplacement dans le Nord, Emmanuel Macron s’était engagé à financer dans la métropole lilloise un RER afin de désenclaver le bassin minier. «La chance du Bassin sera dans son ouverture», avait déclaré le chef de l’État.

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Le projet d’un «RER à la marseillaise» figurait dans le plan «Marseille en grand» présenté sur place par Emmanuel Macron en septembre 2021, assorti d’un investissement étatique de 115 millions d’euros. En novembre dernier, lorsque le chef de l’État a fait part de son souhait d’implanter des RER dans 10 métropoles, le locataire de l’Élysée a confirmé que celle d’Aix-Marseille en ferait partie. Du côté de la région Sud, on indique que ce futur réseau doit permettre de faire circuler un train toutes les 10 à 15 minutes.

Mais concernant l’agenda, le flou demeure. Les infrastructures nécessaires à la transformation du réseau actuel en RER ne sont pas prévues pour demain. Chantier essentiel, l’aménagement d’une gare souterraine à Marseille Saint-Charles ne devrait pas être terminé avant 2035. «Rien ne sera possible en termes de renforcement qualitatif et quantitatif de l’offre ferroviaire avant 2037», indique même dans un rapport publié en août l’association Nosterpaca, qui promeut une offre de transport plus efficace dans la région Sud.

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Le «RER à la lyonnaise» est envisagé depuis de nombreuses années sans jamais dépasser pour l’instant le stade théorique. En avril 2022, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a relancé le chantier. Son ambition est de compter un moyen de transport toutes les quinze minutes aux heures de pointe pour aller à Lyon depuis toute la métropole, avec la possibilité de s’y rendre dès 5h et jusqu’à 23h. L’élu a fait la promesse que son projet permettra à chacun de gagner entre un quart d’heure et une demi-heure par trajet d’ici à 2035.

En juin 2022, une nouvelle voie a été mise en service en gare de La Part-Dieu, pour améliorer la régularité des trains et décongestionner la gare, fréquentée par 125.000 voyageurs par jour. «Cette nouvelle voie L est la pierre angulaire du futur RER lyonnais, l’un des projets d’avenir les plus importants pour notre territoire», avait réagi Laurent Wauquiez. Depuis, le projet n’avance pas beaucoup. En novembre dernier, le président écologiste de la Métropole de Lyon Bruno Bernard, tout en saluant l’engagement d’Emmanuel Macron, s’était montré prudent. «Depuis 2015 et l’élection de Laurent Wauquiez, il ne s’était pas passé grand-chose. Je ne peux que me féliciter que, depuis quelques mois, on avance sur le dossier mais il est trop tôt pour dire que ça va déboucher», avait-il déclaré.

D’autres projets de RER métropolitains ont été lancés dans d’autres métropoles. L’un des derniers en date concerne la Côte d’Azur. Le président de la région Sud Renaud Muselier a annoncé en juin dernier un RER métropolitain entre Cannes, Nice et Monaco, avec l’objectif d’un train tous les quarts d’heure d’ici à l’été 2025. Et ce de 6h du matin à 23h le soir.

Un projet similaire dans la région nantaise est sur les rails, mais celui-ci n’avance pas beaucoup, selon les associations d’usagers. À Rennes, l’État serait prêt à donner un coup de pouce financier au projet, selon la presse locale. En Isère, un RER dans l’aire grenobloise est porté depuis plusieurs années par les milieux économiques, sans pour l’heure qu’il arrive à surpasser l’obstacle du financement. À Toulouse, s’il s’agit d’une «priorité» de la région Occitanie, le projet bute aussi sur les ressources financières nécessaires.

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