Ces 5 dernières années n’ont pas été de tout repos pour Noel Quinn, à la tête du géant bancaire britannique HSBC. La banque a annoncé mardi le départ surprise de son directeur général, qui dit vouloir souffler après «cinq ans intenses» à sa tête, et sans que la personne qui prendra sa suite ne soit encore connue. «Nous savons tous à quel point le monde a été difficile au cours des cinq dernières années», a expliqué lors d’une conférence de presse le dirigeant, qui a notamment conduit la banque pendant la pandémie de Covid-19 et décidé d’une suspension du dividende qui avait tant contrarié certains actionnaires à Hong Kong. «J’ai occupé des postes de direction intenses depuis que j’ai pris la tête de la banque commerciale britannique en octobre 2008. Je suis donc personnellement prêt pour un changement», a ajouté Noel Quinn, qui veut notamment se consacrer davantage à sa famille.

Le dirigeant de 62 ans a expliqué souhaiter une activité professionnelle moins prenante à l’issue d’une période de repos, sans détailler davantage. Il restera aux manettes de la première banque britannique jusqu’à l’arrivée de son successeur. «Nous avons déjà lancé un processus pour trouver notre prochain directeur général, (qui) examinera à la fois les candidats internes et externes», a annoncé le président du conseil d’administration, Mark Tucker, en conférence de presse. La banque espère nommer son prochain patron «au cours du second semestre de cette année», a-t-il précisé.

Le départ de Noel Quinn, après 37 ans de carrière chez HSBC, n’est pas lié à «un événement ou un incident particulier», a assuré le dirigeant sur le départ. Les 12 derniers mois ont d’ailleurs «été extrêmement positifs en termes de performance financière de la banque», a-t-il dit. La banque a souligné mardi qu’elle avait enregistré depuis l’arrivée à sa tête de Noel Quinn, en 2020, «des bénéfices records et les rendements les plus élevés depuis plus de dix ans». Elle a mis en avant la «position de leader en matière de développement durable» acquise par le groupe.

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Ces dernières années, HSBC a surtout simplifié sa structure et s’est recentrée sur l’Asie, où le groupe bancaire réalise deux tiers de son chiffre d’affaires. Cette évolution a été poussée notamment par son principal actionnaire, l’assureur chinois Ping An, qui militait (sans succès) pour une solution radicale: la scission des activités en Asie afin d’obtenir de meilleurs rendements. Cette proposition avait mis en lumière la position précaire de HSBC face aux tensions entre Etats-Unis et Chine, certains observateurs se demandant si la banque pouvait continuer à être à cheval entre l’Est et l’Ouest.

HSBC a par ailleurs annoncé mardi une baisse de 1,4% de son bénéfice net au premier trimestre, à 10,2 milliards de dollars (9,51 milliards d’euros), malgré un gain de 4,8 milliards de dollars (4,48 milliards d’euros) après la finalisation de la vente de ses activités au Canada. Le résultat a été pénalisé par une dépréciation de 1,1 milliard de dollars résultant de la vente prévue de ses activités en Argentine, ainsi que par un effet de comparaison négatif lié notamment à la cession (intervenue le premier janvier) de son réseau de banque de détail en France à la société My Money Group (MMG). Mais après un résultat décevant au quatrième trimestre 2023 lié à la grosse dépréciation d’une participation dans une banque chinoise, les chiffres du premier trimestre 2024 sont en fait meilleurs que prévu.

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La nouvelle du départ de Noel Quinn «a été une surprise» et survient alors que la banque «est en pleine refonte et (que son patron) est loin d’avoir achevé sa mission de maîtrise des coûts», a estimé Matt Britzman, analyste d’Hargreaves Lansdown. Outre le Covid ou le mécontentement de certains actionnaires, le patron a aussi dû gérer «les tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine» ou «les troubles politiques à Hong Kong», a-t-il rappelé.

Mais «la réaction du marché suggère que la position forte qu’il laisse derrière lui est suffisante pour apaiser toute incertitude» sur la succession, et «l’absence de dépréciations significatives liées à l’immobilier commercial chinois» au premier trimestre est aussi bienvenue, selon cet analyste. À la Bourse de Londres, le titre de HSBC gagnait 3,32% à 690,30 pence vers 08H30 GMT. L’action était aussi dopée par l’annonce du versement de dividendes et d’un rachat d’action pouvant aller jusqu’à 3 milliards de dollars.