750.000 euros d’amende, pour s’être opposé à la vente de jeux de la Française des jeux (FDJ) par des fleuristes. L’Autorité de la concurrence vient de sanctionner la Confédération nationale des buralistes de France (CNBF) pour «des pratiques d’entente», visant à éviter que la FDJ ne diversifie son réseau de vente. En l’occurrence, en s’appuyant sur les fleuristes de l’enseigne Florajet.
Les faits remontent à 2016. À l’époque, comme d’ailleurs aujourd’hui, la FDJ s’appuie surtout sur les buralistes pour vendre ses jeux d’argent et de hasard (Loto, tickets de grattage…). Mais à partir de 2013, le leader du secteur commence à développer des relations contractuelles avec la société Réseau Fleuri, qui vend des bouquets sur internet, en s’appuyant sur 7500 artisans fleuristes adhérents. Ensemble, la FDJ et Réseau Fleuri imaginent d’abord le «Bouquet Chance», accompagné de jeux à gratter. Une première étape avant que, fin 2015, les fleuristes du réseau Florajet ne se mettent à distribuer certains jeux à gratter et jeux de tirage (grilles du Loto, de l’EuroMillions et du Keno).
Les buralistes ont vu rouge. Les faits qui leur sont reprochés ont eu lieu entre le 23 août et le 27 septembre 2016. Considérant que «l’affaire Florajet » nécessitait « une action très dure contre la FDJ », selon des propos révélés par l’Autorité de concurrence, ils ont lancé des opérations de boycott de la validation des tickets de la Française des jeux. Ils ont aussi cherché à «planter leur nouveau jeu», une formule de l’EuroMillions lancée le 27 septembre 2016. Leur action a eu un effet immédiat: le non-renouvellement du contrat entre Florajet et la FDJ.
À la suite de la transmission du rapport d’enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), les Sages de l’Autorité de la concurrence ont estimé que ces pratiques étaient «d’une particulière gravité» de la part d’une organisation syndicale professionnelle. «En s’attachant à évincer de potentiels concurrents des buralistes, la CNBF est sortie des limites de son activité syndicale légitime en intervenant sur le marché», insistent-ils.
Le réseau de commerçants partenaires de la FDJ reste composé à 72% de bureaux de tabac. La diversification du réseau de la FDJ se limite à 1400 points de vente: des boutiques en stations-service et des commerces alimentaires de proximité (de moins de 400 mètres carrés). Mais plus de fleuristes.
«Je prends acte de cette sanction, a réagi Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes. Je ne conteste pas une décision de justice. Mais je la trouve sévère.» Selon lui, la Confédération n’était «absolument pas» à l’initiative de quelconques manœuvres. «Je ne suis pas sûr que le préjudice, si préjudice il y a eu, soit à la hauteur de la sanction qui pénalise fortement notre organisation professionnelle», déplore le dirigeant.