La victoire synonyme de qualification ne fait guère de doute, mais la Nouvelle-Zélande entend «donner le meilleur d’elle-même» contre l’Uruguay pour préparer au mieux un quart de finale du Mondial de rugby qui s’annonce très difficile.

L’adversaire des All Blacks sera alors de toute façon redoutable: les N.1 mondiaux irlandais ou les champions du monde sortants sud-africains, sauf à ce que les Ecossais viennent déjouer les pronostics.

Deux jours après la claque infligée à l’Italie (96-17), on s’attendait à assister à un auto-satisfecit sans nuance du camp néo-zélandais.

Mais Scott McLeod, l’entraîneur du jeu au pied néo-zélandais, a surpris de nombreux journalistes en conférence de presse, expliquant que certains joueurs allaient avoir les oreilles qui siffleraient lors de la séance vidéo de décryptage.

Difficile pourtant de savoir de quel joueur ou de quelle action McLeod parlait, tant les All Blacks ont dominé leurs adversaires, ne relâchant jamais leur étreinte.

Mais l’ancien All Black doit bien trouver des leviers pour maintenir son groupe sous pression afin qu’il récite son rugby comme il l’a fait la semaine passée à l’OL Stadium.

Ce n’est probablement pas l’Uruguay, nation du deuxième échelon mondiale, promise au même sort que l’Italie vendredi, qui les lui offrira. Ce que Ian Foster, le sélectionneur, a reconnu mardi.

«C’est quand on est sur le fil du rasoir qu’on arrive à donner le meilleur de nous-mêmes, a estimé Foster. Parfois, c’est notre adversaire qui nous met dans cette situation, parfois c’est le contexte, mais l’important, c’est d’arriver à nous retrouver en permanence dans cet état mental».

S’il a bien tenté de convaincre son auditoire que l’Uruguay représentait une menace réelle pour son équipe, arguant qu’elle avait «perdu contre la France par le même score» que la Nouvelle-Zélande, Foster a donc tout de même plutôt utilisé «le contexte» pour motiver les siens.

«La réalité, c’est qu’il nous reste beaucoup à faire. C’est un fait. Nous ne sommes pas encore en quarts de finale. La première chose à faire, c’est de nous qualifier».

Avec une victoire, les All Blacks n’auraient plus qu’à attendre le week-end pour connaître l’identité de leur adversaire en quart, l’Irlande si les logiques sportives sont respectées.

Pour battre l’Uruguay, Foster a choisi de remanier de moitié l’équipe qui a battu l’Italie, et d’aligner des joueurs en manque de temps de jeu.

Entre les titulaires en puissance, revenus de blessures (Cane, Lomax, Barrett et Frizell) et les habituels coiffeurs (Vaa’i, Jacobson, Fainga’anuku) trône Sam Whitelock, qui fêtera sa 150e sélection et battra un nouveau record, celui du plus grand nombre de rencontres disputées par un joueur en Coupe du monde (22) qu’il codétient encore avec son compatriote Richie McCaw et le pilier anglais Jason Leonard.

Face à l’armada des All Blacks, l’Uruguay ne se fait guère d’illusion sur l’issue de ce qui devrait être son dernier match dans ce Mondial -elle peut encore mathématiquement se qualifier-, mais veut profiter de cette nouvelle occasion de se jauger face aux meilleurs.

«On a demandé à jouer contre des équipes du premier échelon mondial, a estimé Pablo Bouza, adjoint du sélectionneur Esteban Meneses. Là, on en a l’occasion. C’est une chance».

«On va jouer notre dernier match du Mondial contre les All Blacks, que je considère comme la meilleure équipe du monde. Il faut en profiter, tout le monde en rêve» avait affirmé plus tôt le capitaine de l’équipe Andrés Vilaseca.

Quel que soit le résultat de la rencontre, les Uruguayens, eux, n’auront pas les oreilles qui sifflent à la fin.