Ménages, entreprises, industriels, associations, collectivités locales et… présidence de la République : l’inflation touche décidément tout le monde. Repéré par nos confrères de Politico, un document budgétaire publié en annexe du projet de loi de finances pour 2024 revient sur les comptes du palais de l’Élysée, et donne des perspectives pour l’année à venir. Comme le reste du pays, le château a connu des «aléas exogènes», qui ont pesé lourdement sur son budget.
En 2023, le budget s’élevait initialement à 115 millions d’euros, rappelle le document. Or, in fine, les «prévisions d’atterrissage budgétaire à fin 2023» s’établissent plutôt à 127,4 millions d’euros. Un trou de 12,4 millions d’euros, donc, et un bond de 12% par rapport à l’année précédente.
Pour expliquer ce déficit imprévu, l’Élysée avance deux arguments : la «hausse de dépenses inéluctables», d’une part, et la «très forte activité présidentielle», d’autre part. Comme nombre d’acteurs économiques, le Château a vu sa facture d’énergie flamber de 1,1 million d’euros, de même que sa masse salariale et les prix de ses denrées alimentaires. «La présidence a vu […] un nombre croissant de demandes de révision de prix dans le cadre de ses marchés publics», indique également le document budgétaire.
Parallèlement, les voyages d’Emmanuel Macron, en particulier en avion, ont représenté une dépense importante, a précisé l’entourage du chef de l’État à Politico, alors que les frais associés – dont le carburant des appareils – ont augmenté. «L’agenda présidentiel pouvant difficilement être connu avec certitude au moment de l’élaboration des prévisions budgétaires, les dépenses de déplacement font nécessairement l’objet d’une coordination et d’une actualisation constante par l’ensemble des acteurs», ajoute le document.
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Pour autant, la présidence de la République compte bien se serrer la ceinture pour limiter la casse. D’abord, le budget d’investissement et de fonctionnement des directions va être réduit de 5%. Ensuite, la masse salariale sera contenue, permettant une «exécution maîtrisée des dépenses de personnel», malgré l’augmentation du point d’indice cet été. Le palais présidentiel compte aussi instaurer une «refacturation systématique vers les ministères de certaines activités au Palais ou pour les accompagnants en déplacement officiel». Ce procédé, qui permettra d’économiser quelques deniers, sera complété par une «convention de refacturation en cas d’organisation d’événements partagés». Grâce à ces efforts, le «niveau d’atterrissage» devrait être ramené à 122,9 millions d’euros, et le déficit, ainsi, à 9,1 millions d’euros, espèrent les services de l’État.
Reste que le Château requiert une «augmentation de la dotation de la présidence», pour 2024, une décision justifiée par «la reprise intense de l’activité depuis 2022, ainsi que le contexte inflationniste». L’enveloppe déplacements passerait ainsi à 21 millions d’euros, et les dépenses de personnel comme celles d’investissement augmenteraient. La dotation globale s’établirait alors à 122,6 millions d’euros, en hausse de 11%, soit 12 millions d’euros, par rapport au budget 2023. Parallèlement, la présidence s’attend à voir ses recettes propres augmenter fortement, de 1,6 à 2,5 millions d’euros, grâce, notamment, à la «refacturation des voyages officiels, et des évènements».
Dans son dernier rapport, publié cet été, la Cour des comptes alertait déjà sur la hausse des dépenses de la présidence de la République en 2022, soulignant l’effet des «déplacements présidentiels à l’étranger, dans un contexte d’inflation élevée». Elle soulignait une «amélioration» de la gestion financière du Château, tout en relevant des «marges d’amélioration résiduelles» ici et là. Autant d’éléments qui semblent se confirmer, cette année encore.